Depuis le 4 janvier, l’utilisation de 25 pigments est désormais interdite, à la suite d’une nouvelle réglementation européenne. Premier effet : les tatoueurs observent une montée des prix et des ruptures de stock.
Adopté en décembre 2020, le règlement établissant la liste de ces substances prohibées ou restreintes (notamment mercure, nickel, chrome, cobalt, méthanol, certains colorants rouges, orange, jaunes, violets et bleus) est entré en vigueur le 4 janvier. Conséquence : 25 pigments sont dorénavant interdits et la concentration maximale de plus de 4 000 substances contenues dans les encres a été baissée. Certains tatoueurs en ressentent déjà les effets sur leur activité.
«Si je renouvelle toute la gamme de couleurs et toutes les encres, j’en ai pour 3 000 ou 5 000 euros. Depuis la nouvelle loi, c’est dur de s’approvisionner. Les fabricants haussent les prix aussi. Depuis que j’ai rouvert le salon, après les vacances, le 4 janvier, je n’ai pu avoir que six flacons, je les avais commandés la semaine dernière. C’est peu, surtout que je suis spécialiste du néo-traditionnel japonais et donc, de la couleur. Et plus ça va, moins il y en a», se désole une professionnelle d’Aurillac (Cantal) auprès de La Montagne.
Auparavant, elle payait 17 euros pour un flacon de couleur, mais la marque qui lui fournit les flacons les facture désormais à 28 euros l’unité, poursuit le quotidien régional. «Je vais forcément devoir répercuter la hausse du coût sur le prix des tatouages et même des tatouages noirs pour éviter que les tatouages couleurs deviennent beaucoup trop chers», assure la tatoueuse.
Des clients également inquiets
Un cas qui n’est pas isolé dans la profession. Interrogé par Objectif Gard, Tony Vignac, tatoueur au Chat Vrillé, à Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard, reconnaît qu’il a dû renouveler ses encres pour se mettre en conformité. «Il n’existe qu’une seule marque avec des encres qui répondent aux nouvelles attentes. Au lieu de payer la couleur 17 euros, maintenant, on la paye 26 euros voire 30 euros», confirme le professionnel, qui doit aussi faire face à des ruptures de stock.
Même si le travail ne manque pas, l’impact sur les prix est constaté un peu partout. «On trouve toujours des pigments autorisés chez les fournisseurs mais ils sont un peu plus chers», renchérit Adèle Blanche, chez Insolit Tattoo, à Nîmes, également citée par Objectif Gard. Le prix ne dissuade pas les clients de venir, mais certains craignent d’être bientôt limités dans leurs choix, faute de couleurs.
«Il y a toujours autant de personnes pour se faire tatouer. Ce qui les préoccupe, ce ne sont pas d’éventuels risques pour leur santé mais de savoir s’il y aura toujours autant de couleurs pour leurs futurs tatouages», explique ainsi une autre tatoueuse nîmoise, Simone. Même constat à Aurillac, chez Classic Tatoo : «Certains m’ont posé la question, m’ont demandé s’ils allaient pouvoir se refaire tatouer. Ils s’inquiètent que d’ici un jour ou l’autre le noir ne soit pas aussi interdit», rapporte Xavier Sanchez, cité par La Montagne.