Si aucune disposition n’interdit la vente de cosmétiques à usage professionnel aux particuliers, les vendeurs sont responsables de la prévention de l’usage de ces produits par le grand public, rappelle la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes dans un communiqué.
«L’utilisation par des particuliers non formés de produits cosmétiques à usage professionnel peut présenter de multiples risques en fonction du produit concerné et des ingrédients présents», souligne la DGCCRF. Ces produits sont destinés «à l’application et l’utilisation par des personnes dans l’exercice de leur activité professionnelle», précise-t-elle.
Par ailleurs, un produit désigné comme étant à «usage professionnel» ne doit pas être confondu avec un autre dit «professionnel». Le fait de qualifier un cosmétique de «professionnel», qui n’est pas soumis à un cadre juridique particulier, doit être dûment justifié, faute de quoi la qualification pourrait être considérée comme trompeuse.
C’est pourquoi des obligations spécifiques s’appliquent à ces produits : ils doivent être correctement étiquetés, respecter les concentrations maximales autorisées en certaines substances, et une évaluation de sécurité doit être réalisée en prenant en compte la fréquence élevée d’utilisation par le professionnel.
Vernis à ongles et produits de coloration des cils
L’enquête de la DGCCRF a révélé que, si certains opérateurs font des efforts pour séparer les produits destinés aux professionnels de ceux visant le grand public, tous ne respectent pas cette règle. Dans de nombreux cas, les deux types de produits – «professionnels» et «à usage professionnel» – sont présentés côte à côte, ce qui peut induire le consommateur en erreur.
Parmi les produits ciblés par l’enquête, les vernis à ongles semi-permanents, les produits de coloration des cils et certains produits capillaires contenaient des substances uniquement autorisées pour un usage professionnel. Ces cosmétiques ont été trouvés dans des supermarchés et des hypermarchés, souvent sans information adéquate pour le consommateur.
La DGCCRF cite, par exemple, le manque d’information dans une boutique sur les conditions d’emploi des vernis et l’absence de toute vérification de la qualité de professionnel au passage en caisse.
«La responsable de magasin a argué du fait qu’une démonstration était faite en boutique. Or, il lui a été rappelé que la réalisation d’une telle démonstration ne permet en aucun cas de qualifier un consommateur de professionnel ni de s’assurer que l’application du produit sera correctement réalisée», détaille la Répression des fraudes.
Des substances interdites dans des cosmétiques
Le travail mené par la DGCCRF inclut aussi seize prélèvements. Deux produits destinés aux professionnels contenaient des ingrédients interdits ou nécessitant des avertissements spécifiques : une teinture pour cils et sourcils, ainsi qu’un apprêt pour ongles.
Trois autres produits contenaient des substances non conformes : un mascara semi-permanent avec une substance non indiquée sur l’étiquette (alcool benzylique), un produit pour cheveux avec une substance interdite (butylphényl méthylpropional) et un produit pour lissage capillaire contenant du D4 (octaméthylcyclotétrasiloxane), une autre substance interdite.
Enfin, concernant la vente en ligne, bien que certains produits mentionnaient qu’ils étaient réservés aux professionnels, cette indication n’était pas affichée sur tous les produits. De nombreuses non-conformités en matière d’étiquetage ont été relevées, certaines mentions étant peu lisibles ou placées de manière à ne pas être visibles pour les consommateurs. D’autres anomalies ont aussi été constatées, comme l’absence de liste d’ingrédients ou d’indications en langue française.
Vers un renforcement des contrôles
Les résultats de cette enquête montrent que la protection du consommateur ne peut se limiter à l’étiquetage des produits, observe la DGCCRF, qui propose, par exemple, de limiter à certaines zones du magasin la vente des produits pro, accessibles uniquement aux professionnels.
Elle souhaite aussi encourager la pratique des vendeurs qui vérifient le statut de l’acheteur en demandant un justificatif d’activité ou un numéro Siret. «De même, un système de ‘décharge’ peut permettre aux consommateurs d’être dûment informés des spécificités des produits qu’ils souhaitent acheter», ajoute la DGCCRF, qui prévoit de renforcer ses contrôles.