Surfant sur le besoin de transparence du public, le magazine de l’Institut national de la consommation ajoute son propre système de notation à une liste déjà bien fournie, en y intégrant l’environnement. La Febea s’interroge sur la multiplication de ces indicateurs «fourre-tout».
Venant à la suite de nombreuses applications qui proposent de nous aider à décrypter les étiquettes des cosmétiques – Yuka, QuelCosmetic (Que Choisir), Clean Beauty, etc. -, «60 Millions de consommateurs» annonce, sur son site, le lancement d’un «nouveau système de notation, simple et facile à comprendre», le «Cosmeto’Score», dont l’objectif est de fournir un moyen rapide d’évaluer la nocivité des produits cosmétiques.
«Ni les prix, ni les labels, ni les allégations ne suffisent à nous orienter, en toute impartialité, vers les produits les plus qualitatifs», affirme l’organe d’information de l’Institut national de la consommation (INC), qui s’est appuyé sur la liste INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients) pour construire son système de notation. En effet, les fabricants de produits cosmétiques ont l’obligation, selon une directive européenne, d’afficher la liste des ingrédients de chaque produit sur son emballage.
Dentifrices, crèmes et gels de douche, vernis à ongles, crèmes hydratantes, fond de teint, mousses à raser… Dans chacune de ces catégories, le magazine note les produits sur une échelle de A – «sans réserve d’utilisation» – à E – «utilisation fortement déconseillée, produit contenant trop de substances problématiques» -, en fonction des ingrédients affichés sur l’emballage et de l’impact de ces derniers sur la santé (70% de la note) et sur l’environnement (30%).
En fonction des ingrédients indiqués sur l’emballage et de leur impact sur la santé (70% de la note) et sur l’environnement (30%). «La place de l’ingrédient dans la composition du produit, comme la façon d’appliquer le produit, joue énormément dans la pondération de la note finale», a expliqué jeudi la rédactrice en chef de la revue, Sylvie Metzelard, lors d’un point presse.
« Pousser les industriels à faire mieux »
Pour son lancement, son système de notation a été testé sur 86 références. Certains produits de douche, de marque Carrefour, Dop et Weleda, contiennent de la coumarine, «suspectée d’être cancérogène-mutagène-reprotoxique», ou du Lilial (butylphényl méthylpropional), présent dans la crème Dove, «toxique pour la reproduction».
Certains dentifrices, «de marque Oral B, Sanogyl, Sensodyne, Signal, Vademecum ou Zendium», comportent, quant à eux, des traces de métaux lourds, comme le zinc et l’étain, «toxiques», voire du dioxyde de titane, qui «peut contenir des nanoparticules et est soupçonné d’être cancérogène», explique le magazine.
«60 Millions» souhaite ainsi «éclairer les choix» des consommateurs en les aidant à repérer dans les listes d’ingrédients ceux à éviter comme le butylcarbamate d’iodopropynyle, allergisant, ou l’EDTA, irritant et «surtout très polluant pour l’environnement». Marketing de la peur ? «Il ne faut pas affoler les gens», se défend la cheffe de la rubrique santé-cosmétique du magazine, Adelaïde Robert, citée par l’AFP.
Des indicateurs « forcément anxiogènes »
«En cas de risque avéré et immédiat pour la santé, on n’aurait pas ces produits sur le marché», reconnaît la journaliste. Il s’agit plutôt de signaler des produits dont une utilisation régulière et sur une longue période peut avoir des conséquences néfastes sur l’organisme. Et «de pousser les industriels à faire mieux parce qu’on voit bien que, dans chaque famille de produits, il y en a qui s’en sortent bien» en proposant des produits expurgés de ces ingrédients problématiques, ajoute-t-elle.
Pas sûr qu’elle parvienne à convaincre les fabricants. «Le débat sur la composition des produits est toujours légitime, en cosmétique comme pour tous les autres produits de consommation. En revanche, inquiéter le consommateur avec des indicateurs fourre-tout, forcément anxiogènes, n’est pas la bonne méthode», regrette dans un communiqué le président de la Fédération des entreprises de beauté (Febea), Patrick O’Quin, ajoutant que ce nouvel indice «mélange» données de santé, environnementales, allergènes, qui ne concernent, selon lui, qu’une faible part des utilisateurs, voire mauvais usages, comme les aérosols inflammables.