Les Français plébiscitent davantage les médecines non conventionnelles qu’il y a cinq ans, si l’on en croit un sondage Odoxa. Aujourd’hui, 70% des personnes interrogées en ont une bonne image.
Les résultats de ce sondage peuvent sembler surprenants au regard du battage médiatique contre les risques de «dérives sectaires» et de pratiques de soins charlatanesques… En fait, les «thérapies alternatives» sont loin d’être rejetées par les Français.
Ainsi, plus d’un sondé sur deux (54%) s’estime même plus disposé qu’il y a 5 ans à y avoir recours, souligne cette enquête réalisée par Odoxa pour pour l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes des sectes (Unadfi).
Une image positive des thérapies alternatives
Les Français, à une écrasante majorité (70%), ont une image positive de ces pratiques, souvent décriées dans la presse. relève ce sondage, même si la réputation de la médecine conventionnelle ne semble pas en pâtir, puisque 84% des sondés en gardent toujours une «bonne image».
Certaines catégories de la population ont même une image «quasi-équivalente de la médecine conventionnelle et des thérapies alternatives». Parmi elles, les 35-49 ans (81% de bonne image pour la médecine classique et 77% pour les thérapies alternatives), les demandeurs d’emploi (respectivement ,75% et 70%), les membres des foyers les plus modestes (79% et 74%) et les sympathisants écologistes (80% et 81%).
De façon générale, pour 57% des Français, les thérapies alternatives sont au moins aussi efficaces que la médecine classique. Dans une même proportion (58%), ils pensent aussi qu’on peut se fier aux diagnostics des praticiens proposant des thérapies alternatives, estimant qu’on peut avoir confiance dans ces méthodes pour se soigner.
Il existe aussi un consensus dans l’opinion sur l’apport de ces thérapies : 76% des Français jugent qu’elles sont complémentaires de la médecine, ajoute ce sondage, qui semble s’emmêler un peu les pinceaux entre les différentes approches : alternative, complémentaire…
L’ostéopathie est une pratique très répandue
Le sondage nous apprend aussi que les pratiques les plus recherchées sont celles liées à la manipulation manuelle (51%), à la médecine traditionnelle (48%), aux plantes (45%) et aux énergies (39%). La population cherche notamment à soulager des douleurs chroniques (40%), à bénéficier d’un «remède naturel, une solution non invasive» (33%), ou encore soigner «un problème ponctuel» (29%).
Par ailleurs, 28% déclarent avoir fait ce choix pour acquérir une meilleure santé physique. «C’est notamment une raison avancée par 39% des personnes ayant suivi une thérapie liée à la spiritualité et 37% de celles ayant suivi une thérapie liée à l’alimentation», explique Odoxa.
Côté spécialités, la plus répandue est l’ostéopathie (46%), devant l’homéopathie (42%), les huiles essentielles (37%) et l’acupuncture (21%). Le sondage constate aussi qu’il existe des «pratiques montantes» depuis cinq ans, comme la méditation (74% de personnes l’ayant pratiqué l’ont fait au cours des cinq dernières années), les Fleurs de Bach (61%), le jeûne (59%), la sophrologie (59%), la kinésiologie (58%) et l’hypnose (56%).
Très souvent, ces consultations s’appuient davantage sur une recommandation de l’entourage, notamment pour le magnétisme (81%), l’acupuncture (65%), l’hypnose (52%) et le jeûne (44%), que sur celle d’un professionnel de santé (24% pour l’acupuncture, 38% pour la kinésiologie, et 21% pour l’hypnose).
Ce sondage, qui balaye décidément large, se penche aussi sur les profils de ceux qui plébiscitent ces pratiques non conventionnelles : 64% des cadres, 62% des 25-34 ans, 62% des 35-49 ans et 61% des femmes offrent ainsi «une plus grande ouverture aux thérapies alternatives».
Une alternative aux déserts médicaux
Autre enseignement : les motivations. La France fait partie des pays qui dépensent le plus pour son système de santé, mais la crise sanitaire en a montré toute la fragilité. Et c’est l’une des pistes avancées par ce sondage : les personnes interrogées ont majoritairement le sentiment que ces méthodes de soins compensent la difficulté à obtenir des rendez-vous avec des médecins (58%), les déserts médicaux (54%), les «consultations trop rapides, expéditives» (52%), les pathologies mal soignées (52%) et la saturation des services hospitaliers (51%).
Un choix qui mobilise un budget non négligeable. Les Français qui se tournent vers ces pratiques y consacrent, en moyenne, 173 euros par an. La dépense moyenne des cadres est de 352 euros annuels, contre 158 euros pour les ouvriers et 136 euros pour les membres des foyers les plus modestes.
Les dépenses sont plus élevés chez les habitants de l’agglomération parisienne (251 euros) et les grandes métropoles (207 euros), que dans les zones rurales (130 euros) ou les petites villes (120 euros). Deux catégories de pratiques concentrent les niveaux les budgets les plus élevés : celles liées à la recherche de causes psychologiques (255 euros) et celles liées à l’alimentation (248 euros).
Enfin, s’ils plébiscitent de plus en plus les pratiques non conventionnelles, les Français restent toujours méfiants : «71% valident que les thérapies alternatives peuvent donner lieu à des dérives sectaires», selon le sondage. Plus de 81% des personnes interrogées estiment d’ailleurs que l’Etat devrait mieux réglementer et encadrer l’activité des praticiens.
Enquête réalisée sur Internet les 13 et 14 avril 2023 par Odoxa auprès d’un échantillon de 1005 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.
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