Préparée dans des conditions chaotiques, l’édition 2021 du BTS s’annonce catastrophique pour les candidats, échaudés par l’aménagement proposé par le gouvernement. À Carcassonne, élèves et directrice font front commun pour demander un contrôle continu.
Vendredi, les ministères de l’Education et de l’Enseignement supérieur ont annoncé que se tiendra une session exceptionnelle, en raison du contexte sanitaire, ce qui signifie que les candidats qui ne pourront se rendre à une épreuve, notamment parce qu’ils sont positifs au Covid-19, auront zéro à l’épreuve mais avec la possibilité de valider leur diplôme grâce au rattrapage.
Pour bon nombre de candidats, c’était le pire des scénarios. Depuis plusieurs semaines, ils réclamaient l’annulation de leurs examens au profit du contrôle continu, estimant que la situation ne leur permet pas de les préparer ni de les passer dans de bonnes conditions. Aujourd’hui, l’inquiétude monte à l’approche du début des épreuves, à partir du 10 mai.
Pour Solenn Haerinck, en deuxième année de BTS esthétique à l’école privée Le Portrait, à Carcassonne (Aude), c’est «une immense injustice», pour élèves qui sont pénalisés par le distanciel depuis un an. «On a eu plus de distanciel et on galère plus qu’eux ! On ne se sent pas égal aux autres. On se demande, pourquoi on n’y a pas droit ?», explique l’étudiante, citée par La Dépêche.
Car, sur le plan pratique, le distanciel, encouragé depuis le début de la crise, n’est pas vraiment une panacée. «Certains professeurs ne sont pas forcément très à l’aise avec le distanciel, ils ont dû réadapter leurs cours. Nous, on a une chute de moral et ce n’est pas facile pour réviser», poursuit Solenn. Sans compter le coût des études, qui inclut les cours en présentiel, indispensables en esthétique.
La décision du gouvernement, appelant chaque jour au respect des gestes barrières, ne paraît pas non plus très cohérente. «Ça me semble compliqué d’organiser un examen avec des salles fermées et pas mal de monde à l’intérieur. Surtout qu’on a des proches qui sont à risques, on n’a pas envie de contaminer la famille en revenant d’exam», relève Clotilde Djordjevic, également étudiante en BTS d’esthétique (photo).
« Beaucoup de décrochages scolaires »
«On aimerait une notation qui reflète le travail des deux années passées en BTS plutôt qu’une épreuve à laquelle on n’est pas préparé», résume la jeune femme. Préparée dans des conditions chaotiques, la nouvelle organisation des examens inquiète aussi la responsable de l’école. «Ils font des dépressions, il y a beaucoup de décrochages scolaires, le réseau ne fonctionne pas bien… Maintenir cet examen, c’est complètement absurde !», prévient la directrice, Sandrine Rougé.
Le phénomène prend de l’ampleur en France. Un peu partout, des professeurs de BTS viennent soutenir leurs étudiants. À Boucau, en Pyrénées-Atlantiques, les élèves du BTS MCO (Management Commercial Opérationnel) ont même fait une vidéo pour alerter le public sur leurs difficultés, invitant les enseignants à manifester leur solidarité.
«L’objectif est faire passer un message de détresse parce qu’on est complètement mis à l’écart. On parle toujours des collèges, des lycées, des étudiants aussi, mais jamais des BTS, alors qu’on fait partie des étudiants comme les autres», déclare à France Bleu Chloé, l’étudiante à l’origine du projet.