Le 13 septembre, ls deux soeurs, 25 et 22 ans, comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Valenciennes (Nord). Au total, pas moins de 17 infractions ont été relevées contre elles, dont l’exercice illégal de la médecine, l’usurpation de qualité de médecin, l’acquisition, l’importation et l’utilisation de toxine botulique et travail dissimulé.
«Camilla et Ajar L. se voulaient sans doute les meilleures ambassadrices de leur fructueux commerce : pas une parcelle de leur visage qui ne soit pulpée, lissée, gonflée, tirée, arquée, remodelée», souligne Le Monde, qui relate l’audience. L’une d’entre elle, Camilla, prétend détenir un CAP d’esthétique, qu’elle aurait obtenu en 2020.
«On n’a pas retrouvé votre diplôme», a fait observer la présidente du tribunal, rapporte le quotidien du soir. «Formée» par une Russe et une Ukrainienne, elle s’est auto-proclamée cosmétologue en ligne et a su convaincre des internautes grâce à son aisance sur les réseaux sociaux, où elle se faisait passer pour le «Dr Lougayne».
Ses tarifs : «300 euros les pommettes, 180 euros le sillon, 150 euros le menton, 350 euros le combo front et yeux, plus de 400 euros pour la ‘jawline’ – le contour des mâchoires, menton inclus – ou le ‘full face’ – pommettes, lèvres et menton», poursuit Le Monde. Parmi ses prestations, elle proposait aussi un «rattrapage injection lèvres ratée», donnant ses rendez-vous dans des salons de coiffure ou d’esthétique, «parfois dans des chambres d’hôtel ou à domicile».
Des flacons russes ou coréens périmés
Les dégâts sur les clients, détaillés par le tribunal, sont nombreux : éruption cutanée sévère, bouche partiellement paralysée, paupières tombantes, boules, tâches sur les lèvres… «J’avais l’impression de ressembler à un lépreux», se souvient à l’audience un quadragénaire, qui s’est fait injecter du botox.
L’enquête des gendarmes de Villeneuve-d’Ascq (Nord), qui, au printemps dernier, ont lancé un appel à témoins, les a vite mis sur la piste des réseaux sociaux, dont un compte Instagram intitulé «Injection Lille», avant de découvrir au domicile de leur mère «des centaines de seringues et de flacons, dont certains périmés, portant des étiquettes russes ou coréennes». Plusieurs comptes bancaires et PayPal ont été identifiés, sur lesquels les gendarmes ont retrouvé la trace de 623 transactions en moins de deux ans. Les gains ont été estimés à 122 000 euros.
Le tribunal a condamné la «cosmétologue» à une peine de quatre ans d’emprisonnement dont trois avec sursis probatoire pendant deux ans et obligations d’indemnisation des victimes, de travail et de remboursement des sommes au trésor public, avec une interdiction d’un an d’activité dans le domaine de l’esthétique, a détaillé le Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SNCPRE), l’une des parties civiles présentes durant l’audience, qui estime que cette affaire soulève un «problème de santé publique».