Les miroirs, quand on fait du fitness, c’est peut être bien pour l’égo de certains pratiquants, mais ils peuvent aussi avoir un effet désastreux sur l’image de soi, souligne une enquête de Slate.
Voir son reflet un peu partout quand on transpire dans une salle de sport, c’est devenu tellement banal que la plupart des pratiquants estiment que les miroirs font aussi partie de l’entraînement. Il faut pouvoir imaginer un effet immédiat sur son corps… Après tout, si on fait du fitness, c’est pour obtenir des résultats physiques.
Les miroirs sont d’ailleurs placés à des endroits stratégiques, avec des lumières rasantes, pour mettre en valeur son corps et masquer ses petites disgrâces. Certains tombent même amoureux de leur reflet, mais ce n’est pas forcément le cas de tout le monde… En effet, au lieu d’améliorer sa forme, les miroirs peuvent entraver sa capacité à progresser, relève l’édition américaine de Slate, qui a interrogé des psychologues.
«Nous passons naturellement par ce processus d’auto-évaluation, qui consiste à comparer le ‘moi actuel’ au ‘moi idéal’. Comme la plupart d’entre nous ne vivent pas dans le moi idéal, il y a un écart entre les deux, et cet écart crée un malaise», analyse Jeff Katula, chercheur spécialisé dans le domaine du sport à l’Université de Wake Forest (Caroline du Nord), cité par le site d’information.
Le sujet passionne décidément les scientifiques. En 2014, Thomas Plante, spécialiste en psychologie du sport enseignant à l’Université de Santa Clara (Californie), a étudié le comportement d’un groupe de plus de 100 personnes au cours d’une séance de vélo en salle réalisée selon trois modalités : une avec un miroir, une avec un miroir et des posters d’entraîneurs personnels masculins et féminins célèbres, et une autre sans miroir ni posters.
Résultats ? Les femmes ont déclaré que la séance la plus stressante était celle devant le miroir et les posters, durant laquelle elles pouvaient facilement se comparer au corps «idéal» des entraîneuses qu’elles avaient sous les yeux. Pour les hommes, à l’inverse, c’était la configuration avec miroir uniquement.
Des miroirs, oui, mais pas partout
Le but, c’est que les miroirs et les posters stimulent l’envie de se dépasser. Saut que ce n’est pas toujours les cas. «Le problème est que nous voulons toujours rendre les exercices faisables pour que les gens persévèrent. Donc, s’ils viennent et qu’ils ne se sentent pas très à l’aise avec les autres usagers de la salle, qu’ils se sentent inférieurs, ils vont laisser tomber», tempère Thomas Plante.
Mais on peut faire aussi du fitness sans miroir, font valoir les spécialistes interrogés par Slate. Cela peut aussi aider les pratiquants à s’améliorer sur le plan technique. Selon Morit Summers, propriétaire du club Form Fitness, à New York, les miroirs peuvent même augmenter les risques de se blesser quand on soulève de la fonte…
Comment ? «Par exemple, si vous tournez le cou pour regarder un miroir et vous assurer que votre dos est bien droit pendant un squat avec poids, vous risquez de vous froisser un muscle le long la colonne vertébrale», explique-t-elle… Alors, que dire aux personnes qui sont en train d’aménager leur salle de sport ?
Qu’il ne s’agit pas de jeter tous ses miroirs, car ils «ne vont pas avoir une influence négative sur tout le monde», poursuit Slate. L’idéal ? Un mix ! Car «la meilleure façon de créer un environnement plus inclusif dans les salles de sport est de proposer différents dispositifs, avec des espaces équipés de miroirs et d’autres sans».