Alors que le Medef et la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher appellent les Français à «travailler plus» après le confinement, les esthéticiennes indépendantes, comme Nadia, le savent déjà depuis longtemps : elles ne devront compter que sur elles-mêmes.
«Il faudra bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire», déclarait dimanche le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux. La secrétaire d’Etat à l’Économie, Agnès Pannier-Runacher, a abondé, prévenant qu’il faudrait «probablement travailler plus que nous ne l’avons fait avant» pour «rattraper» la perte d’activité.
Mettre les bouchées doubles ? Les esthéticiennes n’ont pas besoin qu’on leur fasse la leçon. Deux mondes séparent les salariés des indépendants. Du jour au lendemain, avec le confinement, leur activité économique s’est écroulée pour ces derniers. Pas besoin qu’on leur fasse un dessin : la reprise se fera à l’huile de coude. Ou ne se fera pas.
Pour Nadia, qui tient un petit institut à Bischoffsheim, dans le Bas-Rhin, «c’est un château de carte qui s’écroule», déclare-t-elle au journaliste de LCI venu l’interroger. Le 14 mars, en apprenant la nouvelle, «les larmes ont coulé toutes seules». «La semaine précédente, je recevais encore mes clientes, en prenant toutes les dispositions, les gants, le masque, le gel hydro-alcoolique. Le samedi, j’ai encore travaillé normalement. Le samedi soir, la nouvelle est tombée. Mon planning était chargé jusqu’en mai», se souvient-elle.
« On va trouver des solutions »
Auto-entrepreneure depuis huit ans, elle se sent aujourd’hui encouragée par les messages de soutien de ses clients. «Je vais être à terre, mais on va tous devoir se relever. Je pense aussi à ceux qui venaient juste de construire leur entreprise… A mon avis, ils pourront mettre la clé sous la porte», reconnaît, lucide, la jeune esthéticienne, qui peut compter, avec ses trois enfants, sur le salaire de son mari, en chômage partiel, pour tenir.
Pour autant, elle ne reste pas les bras croisés. La solidarité joue à plein. «A l’institut, j’avais des masques. J’ai passé une annonce Facebook, en les proposant, ainsi que des gants. Et j’en ai fait don à des infirmières libérales, à ma sœur qui travaille en Ehpad. J’ai voulu au moins faire ça. Cela me paraissait normal», explique Nadia, qui reste malgré tout confiante : «Tant que nous sommes épargnés par cette saloperie, que nos proches ne sont pas touchés, c’est le plus important. Et pour le reste, on va trouver des solutions».