Dans la première région thermale de France, il faut parer à l’urgence et imaginer la suite, mais avec une marge de manœuvre financière de plus en plus réduite. Les professionnels, devant reporter sans cesse leur date de réouverture, demandent de la visibilité.
«C’est quand même incroyable ! Nous sommes privés de curistes alors que par définition, les patients que nous sommes appelés à recevoir ont été les premiers vaccinés et qu’en 2020 aucun cluster n’a été enregistré dans l’activité thermale car nous avons les protocoles sanitaires les plusstricts», déclare à La Dépêche le directeur d’Argelès-Gazost, Alain Laguerre, président de l’association Therm’Ô 65 qui regroupe les sept stations des Hautes-Pyrénées.
«Nous aurions dû redémarrer le 8 mars, mais avec les restrictions sanitaires puis le reconfinement, nous sommes désormais laissés sans aucune visibilité pour l’avenir», appuie Marie-Hélène Blanque, directrice de Semetherm Développement, à Bagnères-de-Bigorre. En 2020, seul un tiers des curistes était au rendez-vous sur le plan national, selon les chiffres du Cneth. Un impact très lourd pour les petites stations.
«On a perdu 10 millions d’euros sur le thermalisme et 2 millions d’euros sur le thermoludisme, mais au-delà, si l’on intègre l’hébergement, la restauration, les courses, les loisirs, l’économie locale aura perdu 33 millions d’euros l’an passé», poursuit Alain Laguerre, qui s’inquiète, en particulier, pour les établissements en régie municipale directe. «Barèges a perdu 665 000 euros, Luz 630 000 euros, Argelès 450 000 euros et les communes n’ont pas droit au fonds de solidarité. Cela va dévaster les budgets municipaux», prévient le président de Therm’Ô 65.
« C’est la double voire la triple peine »
Egalement interrogée par La Dépêche, la députée PRG des Hautes-Pyrénées, présidente de l’Association nationale des élus de montagne (Anem), Jeanine Dubié, souligne que «25 % des établissements thermaux sont en gestion publique, soit sous forme de régie municipale ou de société publique locale (SPL), soit sous forme de société d’économie mixte».
De plus, 90 % des stations thermales en Occitanie sont dans des communes de moins de 5 000 habitants, ajoute la parlementaire, co-auteure du rapport d’évaluation du soutien public au thermalisme, en 2016. Pour ces communes, qui gèrent aussi, le plus souvent, une station de ski, la note est particulièrement salée.
«On comprend donc tout de suite que c’est la double voire la triple peine pour ces collectivités : toutes les recettes qui n’ont pas été faites en 2020 et 2021 devront être compensées par des subventions d’équilibre du budget communal, pour les stations thermales en régie, tandis qu’au-delà se pose la question du remboursement des prêts et des investissements, quelles que soient les structures», explique la députée.