Compte-tenu du délai de remise en route de leurs installations, les professionnels du thermalisme font une croix sur la saison 2020, qui n’aura accueilli que 220 000 personnes en cures thermales, annonce le Conseil national des établissements thermaux (Cneth).
Le 23 janvier dernier, malgré un léger recul de la fréquentation des cures thermales en 2019 (-3,22%), la nouvelle saison laissait augurer une courbe de fréquentation au beau fixe. «La confiance est revenue», avec 579 000 curistes recensés au cours de l’an passé, se félicitait Thierry Dubois, le président du Cneth, à l’occasion du salon des Thermalies.
Car les investissements, notamment privés, ne fléchissaient pas, les professionnels misant sur l’essor du tourisme de santé en France, avec des projets ambitieux, comme celui du groupe France Thermes à Châtel-Guyon (une trentaine de millions d’euros), inauguré en août et qui réunit, au même endroit et sur 15 000 m2, prise en charge médicalisée, soins de bien-être, sport et hébergement.
Depuis, ce secteur, qui génère, à lui seul, près de 100 000 emplois, directs et indirects, a été particulièrement secoué par la crise sanitaire. Après un premier confinement, qui l’a contraint à plus de trois mois d’inactivité totale, ses 103 établissements se sont remis en ordre de bataille à partir du mois de juillet, avec un protocole sanitaire comportant 96 mesures et une réorganisation des flux leur permettant d’accueillir les curistes en toute sécurité. Beaucoup de centres comptaient aussi sur un prolongement de la saison jusqu’en décembre pour amortir le choc.
Las ! Quatre mois plus tard, le bilan de l’année s’avère «catastrophique» pour les cures thermales, note dans un communiqué le Cneth. Même si peu de cas de Covid-19 ont été signalés parmi les curistes, «la saison très écourtée (environ 4 mois au total), les restrictions liées à la limitation de la capacité d’accueil et les craintes des curistes ont sévèrement érodé la fréquentation», souligne l’organisation professionnelle, qui estime que les aides actuelles, comme le PGE, les avances de trésorerie ou les reports de charge, seront insuffisantes «pour éviter les situations de cessations de paiement».
La piste des « bons de financement »
Le Cneth évoque une piste, en citant l’exemple de la Tchéquie et de la Slovénie, qui ont mis en place un dispositif de «vouchers» destiné aux seniors, voire des bons de financement de 150 à 200 euros pour des séjours thermaux d’une semaine. «La mesure est efficace sous l’angle économique, car la subvention a été compensée en tout ou partie par les taxes indirectes sur les consommations liées au séjour», assurent les professionnels.
Par ailleurs, ces dernier évaluent le surcoût lié aux mesures sanitaires à 80 euros par curiste. «Nous sollicitons de l’Assurance maladie qu’elle compense cette dépense exceptionnelle par l’allocation d’un forfait hygiène», indique Thierry Dubois, cité dans le communiqué. En attendant, tous les établissements seront «largement déficitaires» pour la partie «cures thermales», notamment «ceux de petite taille et ceux exploités par une régie municipale ou inter communale qui n’ont été éligibles à aucun des dispositifs de soutien mis en place», poursuit le président du Cneth.
Un note positive : la mobilisation d’une ligne de 300 millions d’euros destinée aux secteurs du thermalisme, de la montagne et de la plaisance, dans le cadre du plan Tourisme annoncé fin mai par le gouvernement. «Son intervention en financement des fonds propres et quasi fonds propres devra permettre de préserver le rythme des investissements thermaux très élevé avant le début de la crise (de l’ordre de 800 millions d’euros sur la période 2018-2022)», espère le Cneth.