INTERVIEW. «Nous travaillons tous les jours avec les autorités pour la réouverture des instituts», indique à Profession bien-être Monique Amoros, co-présidente de la Confédération nationale artisanale des instituts de beauté et spa (Cnaib).
Profession bien-être : Comment avez-vous réagi au décret fermant les rayons «non-essentiels» des grandes surfaces ?
Monique Amoros : Nous ne sommes pas là pour empêcher les autres commerces de travailler. À la Cnaib, nous sommes tous conscients que le confinement a été une mesure d’urgence pour combattre l’épidémie. C’est un défi collectif, et il appartient à tous de faire preuve de responsabilité, que ce soit les pouvoirs publics, les entreprises et les individus.
Mais il faut rappeler aussi que les professionnels de l’esthétique ont fait la preuve de leur sérieux ! Les instituts ont démontré leur efficacité dans l’application du protocole sanitaire. Malgré les obstacles, les esthéticiennes ont pris soin de leur cliente dans les meilleures conditions possibles. Sans avoir provoqué aucun cluster.
Le problème n’est donc pas tant de restreindre les ventes de produits «non-essentiels» dans les grandes surfaces, même si ce décret tente de rétablir une certaine équité entre les commerce, mais bien d’autoriser la réouverture de certains commerces. Tout indique que les instituts sont en mesure de poursuivre leur activité, tout en contribuant à limiter la propagation de l’épidémie. Notre principal objectif est donc de mettre en œuvre une réouverture, la plus rapprochée possible, et dans le strict respect du guide sanitaire et des fiches métiers.
Concrètement, quelles sont les actions que vous avez entreprises ?
Lors du premier confinement, les représentants de l’artisanat, l’U2P et la Cnams étaient en première ligne et en contact régulier avec Bercy, les organisations nationales, dont la Cnaib fait partie, ont pu suivre une grande partie de ces travaux. Aujourd’hui, nous bénéficions d’un contact direct avec Alain Griset, le ministre des PME, très à l’écoute de nos revendications avec lequel nous échangeons quotidiennement.
Samedi, nous avons pu négocier avec lui l’interdiction des soins à domicile, au nom de la sécurité sanitaire. Cela semble rude, mais c’était une mesure indispensable, car elle créait un conflit inutile entre les deux façons de pratiquer ce métier, l’institut et le domicile. C’était aussi une question d’équité. Le but, c’est que tout le monde puisse retravailler le plus tôt possible, et ne pas créer des rivalités supplémentaires inutiles !
Mais notre relation avec le ministre des PME n’est pas notre seule action. En effet, l’examen du projet de loi de prorogation de l’état d’urgence sanitaire se poursuit aujourd’hui à l’Assemblée Nationale. La Cnaib apporte ainsi tout son soutien au l’amendement porté par le sénateur Philippe Bras et voté par le Sénat. Il vise à donner aux préfets, à titre dérogatoire et si les conditions sanitaires le permettent, le droit d’autoriser l’ouverture des commerces de détail et de services de proximité.
Vous espérez donc une réouverture partielle dans un délai proche ?
Nous sommes tous focalisés sur cet objectif. Pour cela, nous devons continuer à nous faire entendre et poursuivre notre action, en relation avec les autorités. Ce n’est pas parce que nous ne cédons pas aux effets d’annonces et que nous ne communiquons pas en permanence, que nos travaux n’avancent pas !
Tous nos efforts et ceux de nos présidentes départementales à travers toute la France n’ont qu’un but : faire rouvrir rapidement les instituts dans le strict respect des conditions sanitaires. Avec de la discipline, une adaptation au digital, comme le click and collect et la vente en ligne de chèques cadeaux, nous avons encore une chance de sauver la saison de Noël. Une perspective qui devrait motiver toute la profession !
Propos recueillis par Siska von Saxenburg.