Compte tenu de l’évolution de la jurisprudence sur l’utilisation des lampes flashs par des non-médecins, l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses) appelle, dans un avis publié jeudi, à mieux former les professionnels, notamment dans le secteur de l’esthétique.
L’épilation à la lumière pulsée doit être mieux encadrée, au niveau de la mise en vente des appareils comme de leur emploi par des professionnels, ont estimé jeudi les autorités sanitaires, alors que cette technique n’est désormais plus réservée aux seuls médecins. En effet, dans un arrêt publié le 19 mai dernier, la Cour de cassation a estimé que, bien que la loi l’interdise toujours, la jurisprudence du Conseil d’Etat ne permet plus de considérer que les actes d’épilation à la lumière pulsée seraient réservés aux seuls docteurs en médecine.
«Le fonctionnement et les principes d’interaction avec la peau peuvent être méconnus ou mal compris par certains professionnels et par les particuliers. Il est donc nécessaire de mieux encadrer le marché des appareils et l’utilisation de cette technologie pour en limiter les effets indésirables» , a estimé Rémi Poirier, le coordinateur de l’expertise, cité dans un communiqué. Car, selon les experts, ces appareils ne sont pas anodins pour la santé.
Outre des effets mineurs, comme une douleur, des érythèmes ou une sensation de brûlure, l’épilation à la lumière pulsée peut (…) être à l’origine d’effets plus graves tels que des troubles de la pigmentation et des lésions oculaires en cas de mésusage», souligne l’Anses, qui relève également que cette pratique pourrait «entraîner un retard de diagnostic de cancer de la peau, l’IPL pouvant en effet dénaturer la couleur de lésions précancéreuses, et empêcher ainsi la détection précoce de mélanomes».
Pour mieux encadrer les lampes flashs, l’agence sanitaire suggère que la mise sur le marché doit être «conditionnée au respect des mêmes dispositions que les dispositifs médicaux mettant en œuvre des technologies équivalentes comme le laser», évoquant le nouveau règlement européen (26 mai 2021), qui couvre aussi les dispositifs esthétiques sans finalité médicale. «Ce texte permet d’encadrer des appareils d’épilation IPL, alors qu’ils ne faisaient jusqu’alors l’objet d’aucune réglementation spécifique», note l’Anses, qui recommande la réalisation d’études de tolérance avant leur mise sur le marché.
Les niveaux de formation « sont hétérogènes »
L’autre point à renforcer, selon l’Agence, c’est la formation. «Aujourd’hui, les niveaux de formation des professionnels amenés à utiliser ces appareils dans le milieu de l’esthétique sont hétérogènes. De fait, il n’existe à ce jour aucune obligation en la matière», affirment les experts, qui préconisent «la construction d’un référentiel de formation spécifique à l’utilisation des appareils».
Ainsi, selon l’Anses, les professionnels de l’esthétique devraient disposer d’un socle commun de formation qui leur permettrait d’obtenir des compétences, comme par exemple la capacité à identifier les situations pour lesquelles un diagnostic dermatologique préalable est requis. Quant aux instituts de beauté, leurs employés devraient aussi tous recevoir une formation pour, par exemple, savoir «identifier les situations pour lesquelles un diagnostic dermatologique préalable est requis», juge l’Anses.
Voir le rapport d’expertise de l’Anses, ICI