Face à une hausse des prix qui devrait continuer d’accélérer d’ici à l’automne, pour atteindre 6,8% en septembre, le Smic sera probablement revalorisé automatiquement en août ou à la rentrée, anticipe l’Insee.
Guerre en Ukraine, difficultés d’approvisionnements en matières premières : les pressions sont actuellement très fortes sur les prix. L’inflation devrait donc continuer sa progression, pour atteindre 6,8% sur un an en septembre, contre 5,2% à fin mai, puis rester sur ce rythme durant les derniers mois de l’année, indique l’Institut national de la statistique (Insee) dans sa dernière note de conjoncture.
Plus tôt dans la semaine, l’effet combiné de l’inflation et des incertitudes géopolitiques a poussé la Banque de France à revoir à la baisse ses prévisions de croissance à 2,3% pour 2022. Après une contraction de 0,2% au premier trimestre, le PIB augmenterait de 0,2% au cours des trois mois suivants, puis de 0,3% au troisième et au quatrième trimestre.
«Ce rythme de croissance serait en deçà de ce que l’on aurait pu attendre dans une phase de reprise, mais pas très éloigné du rythme moyen enregistré pendant la décennie d’avant la crise sanitaire», souligne l’Insee. Le marché du travail, lui, résisterait : 260 00 emplois seraient créés cette année (après 965 000 en 2021).
Dans ce contexte, l’inflation devrait avoir un impact sur les salaires, avec une très probable augmentation du salaire minimum. «Notre prévision d’inflation conduirait à une nouvelle revalorisation automatique du Smic pendant l’été ou au début de l’automne. Le taux de rémunération du livret A pourrait également augmenter cet été», prévoit l’Insee.
Une forte épargne de précaution
«Ce qui va compter, c’est l’évolution de l’indice des prix de juin par rapport à celui de mars qui a servi de référence à la revalorisation du 1er mai», a expliqué Julien Pouget, chef du département conjoncture de l’Institut, rapporte l’AFP. Ce serait alors la quatrième hausse du Smic en moins d’un an.
Le salaire minimum est aujourd’hui de 1 645,58 euros brut et 1 302,64 euros net mensuel. Il a déjà été augmenté de 2,65% le 1er mai. Pour rappel, il est revalorisé mécaniquement en cours d’année du montant de l’inflation (calculé pour les 20% des ménages ayant les revenus les plus faibles), si celui-ci dépasse 2% par rapport à la dernière hausse.
Sur l’année, le pouvoir d’achat des ménages devrait toutefois reculer de 1%, estiment les statisticiens, malgré un redressement au second semestre «à la faveur du dynamisme de la masse salariale et des mesures complémentaires de soutien au revenu». L’épargne des Français devrait toutefois leur permettre de lisser leur consommation face aux fluctuations des prix, avec un taux qui se maintiendrait à 16,3% cette année, «assez nettement supérieur donc à son niveau d’avant la crise sanitaire (15% en 2019)».