Un naturopathe comparaissait vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris, pour «exercice illégal de la médecine» et «usurpation du titre de médecin», après le décès de deux personnes atteintes d’un cancer qui avaient suivi ses recommandations.
L’affaire avait débuté avec la plainte en février 2019 de la compagne d’un homme qui avait succombé deux mois plus tôt à un cancer des testicules. Diagnostiqué en 2016, le patient n’avait pas été consulté un chirurgien, préférant suivre un «plan de santé» élaboré par le naturopathe, à base de jeûnes et de cures, de crudivorisme et plantes et huiles essentielles.
«Il a fait croire à mon compagnon qu’en suivant ce protocole, il n’allait pas avoir besoin de chirurgie, alors que ne serait-ce qu’une ablation l’aurait sauvé», a déclaré la compagne du défunt, en décrivant avec émotion «l’emprise» du naturopathe. Au malade qui lui parlait de sa fatigue et douleurs croissantes, le naturopathe, d’origine calédonienne, a répondu qu’il devait «se mettre à la diète», «purger le soir», «boire des infusions».
La famille d’une kinésithérapeute belge, décédée d’un cancer de l’utérus à 39 ans et qui avait elle aussi consulté le prévenu, s’est jointe au dossier. Les deux malades se sont vus «privés, en choisissant les pratiques de Miguel B. plutôt que la médecine conventionnelle, d’une chance de survie», a déclaré la procureure, dénonçant des «pratiques extrêmement dangereuses».
«Il ne s’est jamais remis en question», a-t-elle ajouté, demandant à ce que la partie ferme soit purgée sous bracelet électronique et qu’une interdiction définitive de pratique soit prononcée. Elle a rappelé que la qualification d’homicide involontaire n’a pas été retenue du fait de la «difficulté d’établir un lien de causalité certain» entre les décès et le naturopathe.
« Aider le corps à se nettoyer »
«Il ne faut pas faire de ce procès celui de la naturopathie», qui n’est «pas interdite par la loi», a plaidé l’avocat de Miguel B. Un avertissement figurait dans les «plans de santé», qui n’est «pas de pure forme» et «il y a des échanges de sms qui montrent qu’il ne détournait pas les patients de la médecine», poursuit Me Guillaume Martine en demandant sa relaxe.
Sur Internet, le nom du prévenu est associé au titre de «docteur en médecine moléculaire», spécialisé dans le cancer du cerveau. À l’audience, Miguel B. a affirmé avoir fait «14 ans d’étude», notamment un doctorat et un post-doctorat aux Etats-Unis. Il a aussi assuré ne s’être jamais présenté comme «médecin» et n’avoir pas promis de «guérir» mais «d’aider le corps à se nettoyer».
Deux ans d’emprisonnement dont un ferme sous bracelet électronique, avec une interdiction définitive de pratique, ont été requis. Jugement le 15 octobre.
Avec l’AFP.