Dans sa lutte contre la pollution de l’air, la France doit encore fournir de gros efforts, indique Santé Publique France, même si l’organisme relève un léger recul du nombre de victimes : 40 000 décès par an encore attribuables à l’exposition aux particules fines.
En 2016, Santé Publique France, se basant sur la période 2007-2008, avait estimé à 48 000 le nombre de décès prématurés par an liés aux concentrations de particules fines PM2,5 (inférieures à 2,5 microns), matières microscopiques en suspension dans l’air qui pénètrent dans les ramifications des voies respiratoires et dans le sang. La nouvelle estimation suggère «une tendance à la baisse» : près de 40 000 décès par an attribuables aux PM2,5 entre 2016 et 2019, soit 7% de la mortalité totale sur cette période, contre 9% en 2007-2008.
L’exposition à ces particules, qui peuvent provoquer cancer, asthme, allergies ou maladies cardio-vasculaires, réduit aussi de huit mois l’espérance de vie d’un adulte à partir de 30 ans. «On peut se satisfaire de la légère diminution. Mais d’un point de vue de santé publique, ce qui nous inquiète, c’est une estimation de 40 000 décès évitables. Et j’insiste sur ce terme évitable : des actions sont possibles pour réduire cet impact», souligne Sébastien Denys, directeur Santé-Environnement-Travail à Santé Publique France.
Le nombre de décès annuels attribués au dioxyde d’azote (NO2), calculé pour la première fois, est de 7 000. Mais on ne peut pas additionner intégralement ces morts à celles liées aux PM2,5, insiste l’agence de santé publique, une partie non déterminée des décès étant liée à l’action conjointe des deux polluants.
L’impact positif du premier confinement
La baisse de l’impact sanitaire depuis l’étude de 2016 s’explique par des modèles d’exposition différents mais aussi par l’amélioration de la qualité de l’air. Ainsi, selon le bilan 2019, les émissions de PM2,5 ont baissé de 61% entre 2000 et 2019 et celles des oxydes d’azote de 56%, même si l’Etat a été condamné en justice pour n’avoir pas réduit suffisamment certains polluants dans certaines villes.
La pollution a aussi largement diminué lors du premier confinement de 2020, surtout dans les zones urbaines. Cette amélioration a été particulièrement sensible pour le NO2, essentiellement lié au trafic routier, à l’arrêt, mais moins pour les PM2,5 issues aussi d’autres sources (épandages agricoles, chauffage…). Ce phénomène a permis d’éviter 2 300 décès en lien avec l’exposition aux particules fines, plus nocives, et 1 200 décès liés au dioxyde d’azote (les chiffres ne sont pas additionnables).
Avec l’AFP.