Le fermier et essayiste Pierre Rabhi, figure de l’agroécologie en France, prônait un mode de vie plus respectueux de la nature, tout en se tenant à l’écart des partis politiques.
Il avait choisi de vivre à l’écart des villes, dans une ferme en Ardèche, défendant une vie sobre et contemplative, où des solutions locales, l’ingéniosité humaine et la bonne volonté de chacun pouvaient, selon lui, freiner l’effondrement de l’écosystème.
«Je me suis engagé dans la promotion de l’agroécologie, cette agriculture du pauvre qui affranchit le paysan de la culture d’exportation menée à coups d’engrais et de pesticides, et qui répond à ses besoins parce que c’est une agriculture élaborée, accessible à tous sans bourse délier et régénératrice des sols», expliquait, en 2018, cet adepte de l’agriculture biodynamique dans un long entretien au Monde.
Pour autant, auteur du best-seller «Vers la sobriété heureuse», vendu à plus de 460 000 exemplaires, ce militant de la cause écologiste ne dédaignait pas la lumière des plateaux de télévision, offrant des records d’audience aux émissions qui l’invitaient. Avec Cyril Dion – l’auteur du documentaire militant à succès «Demain» -, il cofonde le mouvement citoyen des Colibris, qui appelle aux actions locales, comme les jardins partagés, les fermes pédagogiques et les circuits d’approvisionnements courts.
« La solution ne passe pas par le politique »
Le moine bouddhiste Matthieu Ricard voyait en lui un «frère de conscience». Il était aussi admiré par des personnalités aussi diverses que l’actrice Marion Cotillard et l’ancien ministre Nicolas Hulot. Les politiques n’hésitent pas non plus à le citer, comme l’ex-Premier ministre, Edouard Philippe, en 2018, vantant son plan anti-gaspillage : «La première manière de moins jeter, c’est d’acheter robuste, c’est-à-dire souvent français, voire européen (…) Une autre façon, c’est de consommer un peu moins (…), c’est la sobriété heureuse chère à Pierre Rabhi».
Il était né en 1938 dans une oasis fondée au milieu du désert algérien. Confié à un couple de Français sans enfant, il grandit déchiré entre les deux cultures, entre sa famille restée au village et ses parents adoptifs. À 18 ans, il se convertit au catholicisme, avant de partir vivre en France. Dans son interview au Monde, il défendait une écologie apolitique, s’adressant d’abord à l’individu.
«La solution ne passe pas par le politique, elle passe par l’élévation de la conscience. Le jour où le politique dira : il faut une grande part d’écologie dans l’enseignement, avec un jardin pour que les enfants apprennent ce que c’est que la vie, avec un atelier manuel et non pas des écrans, cela commencera peut-être à aller mieux», expliquait ce pionnier du néo-ruralisme, ce qui ne l’a pas empêché de devenir une référence parmi les écologistes et les altermondialistes.