L’accumulation de nouvelles connaissances a poussé les experts de l’Inserm à allonger la liste des maladies graves susceptibles d’être liées à l’exposition aux pesticides avec «présomption forte», dont certains cancers et des troubles du cerveau.
Les six pathologies désormais retenues (contre quatre auparavant) sont trois types de cancer (prostate, lymphomes non hodgkiniens, myélomes multiples), la maladie de Parkinson, les troubles cognitifs et une maladie respiratoire évolutive, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), selon la vaste revue de littérature réalisée par l’Inserm, ce qui représente quelque 5 300 résultats d’études.
Pour les quatre premières, la «présomption forte» de lien avec l’exposition professionnelle à certains pesticides avait déjà été mise en évidence lors de sa précédente expertise, en 2013. Mais depuis huit ans, les connaissances scientifiques ont parfois évolué, ce qui a conduit les chercheurs à retenir deux nouvelles maladies graves.
C’est le cas pour les troubles cognitifs : on passe de «présomption moyenne» à «présomption forte» de lien avec «l’exposition aux pesticides, principalement des organophosphorés, chez les agriculteurs». S’y ajoute la santé respiratoire, avec également une présomption forte entre l’exposition professionnelle et la survenue de BPCO et de bronchite chronique.
Par ailleurs, l’organisme de recherche publique confirme que «la grossesse et la petite enfance sont d’une plus grande vulnérabilité face à la présence d’un événement ou agent toxique». Chez l’enfant, l’Inserm évoque une «présomption forte» de lien entre les «leucémies aiguës» et l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse.
Exposition avant la naissance d’un enfant
Pour les tumeurs du cerveau et de la moelle épinière, les experts concluent à une «présomption forte d’un lien» avec l’exposition professionnelle des parents avant la naissance. Le même niveau de présomption existe pour le lien entre l’exposition de la mère aux pesticides pendant la grossesse et «les troubles du développement neuropsychologique et moteur de l’enfant», ou encore «des troubles du comportement tels que l’anxiété».
Enfin, l’expertise analyse les études sur le glyphosate, pour lequel elle conclut «à l’existence d’un risque accru de lymphomes non hodgkiniens avec une présomption moyenne de lien», ainsi que sur le chlordécone, longtemps utilisé aux Antilles et aujourd’hui interdit. L’expertise confirme une «présomption forte d’un lien entre l’exposition au chlordécone de la population générale et le risque de survenue de cancer de la prostate».
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