Cette pratique ne fait pas partie de la liste officielle des gestes barrières recommandés par les autorités sanitaires. Et pourtant, aérer une pièce peut aussi permettre de réduire efficacement la concentration de virus dans l’air, selon plusieurs spécialistes.
Les «gestes barrières» sont désormais bien connus : porter un masque, se laver régulièrement les mains, garder une certaine distance, tousser dans son coude… Il en est un, toutefois, qui figure nulle part dans les préconisations sanitaires : l’aération régulière des pièces. Des études ont montré, en effet, qu’une troisième forme de transmission, après les postillons et les surfaces souillées, avait été identifiée : celle des micro-gouttelettes contenant des particules virales et pouvant rester en suspension dans l’air pendant plusieurs heures.
«On ne sait pas la part de chacune de ces voies de transmission», mais il est «assez clair» que le phénomène d’«aérosolisation» existe avec le Sars-Cov-2, indiquait cet été le spécialiste Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à l’université de Genève. Un mode de transmission également pointé du doigt par l’OMS, qui soulignait qu’il pouvait se manifester dans «certains endroits fermés, comme les lieux très fréquentés et mal aérés» et lorsque les gens y sont présents «pendant une durée de temps longue».
Dans ce cas, le fait de renouveler l’air intérieur et de créer des courants d’air peut s’avérer efficace. Pas seulement pour éliminer le coronavirus, d’ailleurs, mais pour éviter que la concentration d’agents infectieux, quels qu’ils soient, n’atteigne un niveau trop élevé. Selon le Haut conseil français de la santé publique (HCSP), il existe trois vecteurs favorables à la propagation des germes : «les conditions de ventilation et de flux d’air, celles de l’atmosphère (basse température, humidité) ainsi que les activités et efforts physiques pratiqués au sein de ces espaces».
Cette recommandation, simple et facile à mettre en œuvre, a été prise en compte par les autorités sanitaires américaines pour lutter contre le Covid-19. «Evitez les espaces intérieurs très peuplés et assurez-vous que les espaces intérieurs sont correctement ventilés en y apportant autant d’air extérieur que possible», conseillent ainsi les Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).
Aérer « six fois par heure »
Récemment, les CDC ont officiellement ajouté les aérosols à la liste des modes de propagation possibles du coronavirus, même si le principal reste, selon eux, les gouttelettes respiratoires type postillons projetées à proximité par une personne infectée. Reste une question pratique : à quelle fréquence faut-il aérer si on ne peut pas laisser ouvert en permanence ?
«On recommande le renouvellement complet de l’air d’une pièce au moins six fois par heure. C’est très exigeant», répond le Pr Flahault, interrogé par l’AFP. Dans certains lieux spécialement équipés, ce renouvellement de l’air peut être assuré par des appareils de ventilation mécanique, dont les filtres doivent être bien entretenus.
«Six fois par heure, c’est ce que l’on retrouve dans les TGV ou les avions, où l’air est très sûr en termes de qualité microbienne. Dans la plupart des espaces clos habituels, on n’arrive pas à ce niveau de ventilation. Donc, le mieux est d’aérer le plus souvent les pièces fermées», précise le Pr Flahault. Pour autant, la ventilation seule ne suffit pas. La règle, aujourd’hui, c’est de cumuler les mesures de protection.