Pour la première fois, l’agence de sécurité sanitaire (Anses) dresse un état des lieux de l’ambroisie, une plante invasive et allergène, dont la prolifération galopante risque de faire exploser les coûts de prise en charge médicale.
La facture est aujourd’hui estimée entre 59 et 186 millions d’euros par an, auxquels s’ajoutent les coûts de perte de production (arrêts de travail), entre 10 et 30 millions d’euros, et ceux liés à la perte de qualité de vie des personnes allergiques, entre 346 et 438 millions d’euros. Et cette envolée des dépenses est loin d’être terminée.
Selon l’Anses, «un accroissement de ces coûts est attendu à l’avenir, en raison de l’élargissement prévu des zones infestées par l’ambroisie», préviennent les auteurs de l’étude. Introduite en France pendant la dernière guerre mondiale par les soldats américains, sa propagation s’est accélérée dans de nombreux territoires à partir de la vallée du Rhône, «avec des niveaux d’infestation variables».
Si le foyer principal se situe dans le Rhône, la Loire et le Centre-Val de Loire, la plante s’étend désormais en Poitou-Charentes, en Midi-Pyrénées, en Bourgogne-Franche-Comté et en Auvergne, voire en Martinique et en Guadeloupe. À l’échelle nationale, la prévalence de l’allergie est aujourd’hui estimée entre 1,7% et 5,4% de la population française, soit entre 1 115 000 et 3 504 000 personnes allergiques.
Favoriser l’adoption de bonnes pratiques
«Ces résultats désignent l’ambroisie comme une problématique de santé publique à l’échelle nationale», alertent les experts, qui déplorent que le pouvoir de police des maires soit encore limité dans ce domaine, notamment pour intervenir dans des parcelles privées. Pour prévenir la propagation de la plante, ils mettent en avant plusieurs pistes.
Ils recommandent, par exemple, de «mettre en place dès maintenant une réglementation spécifique et coordonnées localement» dans les zones touchées, avec la nomination d’un référent ambroisie, et d’«impliquer davantage le secteur des bâtiments et des travaux publics, aux côtés du monde agricole», pour favoriser l’adoption de bonnes pratiques, comme le nettoyage des machines ou la gestion des terres contaminées.