Une dizaine de studios de yoga, à Bordeaux, ont décidé de braver l’interdiction, imposée dans plusieurs grandes villes, et de poursuivre leur activité avec port du masque obligatoire pendant les séances. Dans une lettre ouverte, ils expliquent leur démarche pacifique.
Après les clubs de fitness, des professionnels du yoga montent au créneau. Non sans un certain courage, car leur initiative, individuelle, n’émane pas de puissantes fédérations. Leur moyen d’action, plus modeste, n’est pas non plus juridique. «Ce n’est pas de la rébellion tête baissée», précise à l’AFP Séverine Hermary, fondatrice du Satnam club, installé en centre-ville. Pour elle, ne pas fermer, «c’est une question de bon sens».
Dans une lettre, une dizaine de studios bordelais se disent ainsi «sonnés par cette nouvelle directive» de fermeture. Ils indiquent avoir décidé de poursuivre leur activité avec des mesures sanitaires encore renforcées, tout en notant que, depuis la reprise en juin, «nous avons eu au sein de nos structures moins de 0,1% de cas».
Un constat également partagé par les instances représentatives des salles de sport depuis l’annonce du ministre de la santé, Olivier Véran, mercredi soir. Distanciation sociale, réduction du nombre de pratiquants par cours (9 maximum), marquages au sol, hygiène renforcée et, depuis lundi, port du masque pendant les séances : «Notre activité respecte l’ensemble des conditions sanitaires», assure Séverine Hermary.
Une fermeture « en pleine phase d’inscriptions »
Avec les mesures actuelles, «nous ne sommes pas dans des espaces confinés, en tout cas beaucoup moins que dans un bar ou à la FNAC», poursuit-elle, alors que salles de sport et gymnases ont dû fermer pour quinze jours en Gironde, classée en alerte rouge «renforcée» par les autorités. La responsable du Satnam club affirme avoir eu un appel de la police dès lundi matin : «Je les ai d’ailleurs invités à venir constater sur place que tout est respecté».
Selon elle, la fréquentation était normale lundi et les pratiquants étaient reconnaissants de pouvoir suivre les cours. Patronne de Yoga With You, Agnès Cassonnet, également citée par l’AFP, en veut aux autorités : «Je ne remets pas en cause le Covid, je suis une ancienne infirmière, mais je reproche au gouvernement son manque de cohérence». «La danse peut continuer mais pas le yoga, alors que ça se pratique parfois dans les mêmes lieux. Je veux qu’on m’explique pourquoi !».
Les conséquences financières risquent de se faire vite sentir, ces structures s’étant constituées, pour la plupart d’entre elles, en auto-entreprise. «Fermer les studios, pour les pratiquants, c’est ajouter du stress là où il y en a déjà beaucoup», renchérit Laura Lobjoit, du studio BelliBulle, associée à la démarche bordelaise elle-même issue d’un mouvement lancé à Paris. Pour elle, une fermeture de quinze jours, «en pleine phase d’inscriptions» et juste avant la parenthèse des vacances de Toussaint, serait «catastrophique» au niveau économique.
Avec l’AFP.