Les salariés français ne jugent plus le travail aussi important qu’auparavant, aspirant à davantage de temps libre, selon un sondage Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès.
Le slogan «travailler plus pour gagner plus», popularisé par Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2007, semble aujourd’hui bien loin. Seuls 21% des salariés estiment désormais que le travail est «très important», révèle un sondage Ifop, réalisé dans le cadre d’une note intitulée «Je t’aime moi non plus, les ambivalences du nouveau rapport au travail» pour la Fondation Jean-Jaurès.
«Le rapport s’est même totalement inversé en trente ans puisqu’en 1990, ils étaient 60% à répondre que le travail était très important pour eux», souligne Le Parisien, qui relaye l’information. L’enquête de l’Ifop a été menée en octobre 2022 auprès d’un échantillon représentatif de 1 300 salariés.
Premier enseignement : le temps consacré au travail, considéré jusque-là comme le premier symbole de réussite, est remis en cause. Aujourd’hui, les salariés français sont 61% à préférer gagner moins d’argent mais avoir plus de temps libre. En 2008, ils étaient 62% à déclarer vouloir gagner plus.
Il ne s’agit pas d’un rejet du travail, mais d’un problème d’attractivité des postes proposés, avancent les auteurs de la note. «Au-delà du critère essentiel de la rémunération, l’importance accordée à la finalité d’une activité comme à l’autonomie dans la manière de l’organiser, ont rendu les salariés et surtout les jeunes générations, particulièrement exigeants sur la nature du poste qu’ils peuvent être amenés à occuper», écrivent-ils.
Mais si les jeunes salariés n’entretiennent pas le même lien à l’emploi que leurs aînés, le travail, en lui même, subit aussi, depuis plusieurs années, une profonde mutation, que la crise sanitaire a accélérée. Choix des plages horaires et de la nature des missions, optimisation de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle : des statuts, comme celui de free-lance, «se posent comme une alternative de plus en plus séduisante», relève l’Ifop.
Démotivés mais pas moins impliqués
L’engagement réciproque entre salarié et employeur reste donc à reconstruire sur de nouvelles bases. «Si plus d’un tiers des sondés déclaraient en 2005 être ‘tout à fait’ fiers d’appartenir à leur entreprise, ils ne sont plus que 20% à l’être en 2022», constate l’institut de sondage.
En cause, le sentiment que les entreprises s’intéressent plus aux besoins de leurs clients qu’à ceux de leurs salariés. Pour autant, ce désengagement face au travail ne se traduit pas par une implication plus faible des salariés. «La place du travail est moins omniprésente et surtout moins haute dans la hiérarchie des priorités par rapport à d’autres domaines (famille, loisirs…), mais cela ne signifie pas que la façon de travailler a changé profondément», poursuit Le Parisien.
Ainsi, si les salariés aspirent à plus d’autonomie, de bien-être et de sens, ils sont 77% à faire au travail plus que ce qui est attendu. Autrement dit, «cette démission silencieuse de certains salariés qui décident de ne pas faire plus que ce que nécessite leur poste ne concernerait donc qu’un salarié sur cinq (21%)». Temps libre ou travail : juste un problème de motivation ?