Depuis la pandémie, ces appareils sont désormais de plus en plus prisés. Une opportunité pour les fabricants de purificateurs d’air, même si leur utilité fait encore débat en France.
Bien avant la crise sanitaire, le marché était déjà en pleine croissance en Chine, où la population souffre de la pollution. Mais en France, le démarrage est resté longtemps poussif. Il pourrait bien reprendre de plus belle à la faveur des nombreuses campagnes de sensibilisation contre les particules fines de la pollution urbaine, les pollens et, bien sûr, le Covid-19.
D’ici 2030, le marché français des purificateurs d’air, compris entre 80 et 100 millions d’euros en 2020, pourrait augmenter jusqu’à 500 millions d’euros, selon la Fédération interprofessionnelle des métiers de l’environnement atmosphérique (FIMEA). Un phénomène mondial, puisque les ventes européennes devraient, quant à elles, quadrupler d’ici dix ans.
Mais si les fabricants estiment qu’ils ont aujourd’hui une carte à jouer, le marché reste encore très compliqué. «À catalyse, plasma pulsé, ozonation, filtre électro-statique, ionisation, quand ce n’est pas à UV ou à charbon actif : face à une jungle de techniques pour filtrer l’air ambiant, aucun label de qualité officiel ne garantit efficacité et innocuité de ces dispositifs», relève l’Agence France-Presse, dans un article sur le sujet.
Autre obstacle : le scepticisme des autorités sanitaires. «Les données scientifiques collectées et analysées ne permettent pas de démontrer l’efficacité et l’innocuité en conditions réelles d’utilisation des dispositifs d’épuration de l’air intérieur fonctionnant sur les principes de la catalyse ou photocatalyse, du plasma, de l’ozonation ou de l’ionisation», concluaient les experts de l’Anses dans un rapport publié en 2017.
Mais depuis 18 mois, les positions ont évolué. En avril dernier, l’Institut national de recherche et sécurité (INRS), puis le Haut conseil de la santé publique (HCSP), ont émis un avis favorable, jugeant toutefois que seuls les purificateurs équipés d’un filtre Haute Efficacité des Particules Aériennes (HEPA) étaient dignes d’intérêt.
Un label de qualité en préparation
Les temps changent : après avoir longtemps mis en doute leur efficacité, le ministre de l’Éducation nationale recommande désormais l’installation de ces appareils dans les écoles. En 2020, une étude publiée dans la revue Aerosol Science and Technology concluait déjà que l’utilisation de purificateurs pouvait «réduire considérablement les risques de transmission aérienne du SARS-Cov-2».
Pour autant, la question n’est pas tranchée pour tout le monde. L’association pour la prévention de la pollution atmosphérique (APPA) se montre réticente aux dispositifs mobiles, accessibles au grand public comme aux collectivités. Un rapport scientifique, qu’elle a commandé, préconise «l’aération et la ventilation» naturelles comme «principes clés» pour assurer une qualité d’air optimale.
Un label de qualité serait néanmoins en cours de préparation du côté industriel. Une dizaine de sociétés françaises de FIMEA «sont en train de finaliser les expérimentations, nous attendons les premiers résultats avant la fin 2021», afin d’éclairer le choix des consommateurs «par des informations techniques et scientifiques», a indiqué à l’AFP Etienne de Vanssay.
Mieux : les industriels souhaitent promouvoir la notion «d’air potable» (respirable). «L’air retraité est plus économique», selon le président de la FIMEA, «que l’air neuf» : ce dernier ne serait «ni propre, ni potable», surtout près des voies de grande circulation. Preuve que le marché est désormais pris très au sérieux en France.