Les soldes seraient surtout une affaire pour les grandes enseignes, pas pour les petits commerces et les artisans, fragilisés par les incessantes périodes de promotions, selon une étude réalisée par le Syndicat des indépendants et des TPE.
Les soldes d’été débutent ce mercredi 22 juin et prendront fin le 19 juillet au soir. Et déjà, la polémique enfle, non seulement sur les dates retenues, mais aussi sur l’opportunité de ce temps fort de la consommation pour les petites entreprises dans un contexte d’inflation inédit, où viennent se télescoper les préoccupations écologiques et les difficultés d’approvisionnement.
«Dans un contexte de morosité et de baisse du pouvoir d’achat, les soldes pourraient être considérées comme une parenthèse plaisir pour une clientèle au budget contraint. Tel n’est pas le sentiment des 870 commerçants et artisans de proximité interrogés par le SDI», note le syndicat des indépendants dans un communiqué.
En effet, seuls 60% des commerçants interrogés pensent que cette période de solde correspond à une «forte attente» de leur clientèle. «Pratiquer des soldes d’été, ou plus précisément sur des produits de la saison d’été, deux jours après le début calendaire de ladite saison est une aberration», commente le syndicat, qui estime que les invendus devraient faire l’objet de vente à prix cassés «en fin de saison, soit au mieux mi-août».
Pis, avec la multiplication des périodes promotionnelles, 35% des professionnels interrogés considèrent que les soldes sont devenues une nouvelle modalité de faire des ventes, «perdant de fait leur fonction initiale de liquidation des stocks». Ils ne sont que 36% à estimer qu’ils parviendront à écouler la majeure partie de leur stock à l’issue de cette période.
Pour bon nombre d’entre eux, les soldes sont ainsi vécus comme une contrainte, aggravée, cette année, par des retards de livraison, voire des livraisons partielles, que 71% des sondés disent avoir vécus, réduisant du même coup la durée de mise en rayon des produits au prix normal, que la loi leur impose d’afficher au minimum un mois avant de pouvoir être soldés.
« Les petits commerçants vivent de la marge »
Au-delà du manque de temps pour se préparer, le jeu n’en vaudrait pas forcément la chandelle sur le plan financier, montre également cette étude, car, selon elle, 70% des commerçants de proximité pratiqueront des démarques jusqu’à 30% dans la grande majorité des cas, ce qui est faible au regard des 50% habituellement affichés sur les vitrines.
Apparaît donc un problème de fond : «les commerçants vivent de la marge, les grandes enseignes du volume», relève le syndicat. «Pour un indépendant, les soldes ont pour objet de renforcer sa trésorerie à défaut de dégager une marge sur la vente. C’est une différence fondamentale avec la grande distribution qui acquiert de grandes quantités de produits en prévision des soldes et mise sur le volume des ventes pour compenser une marge plus faible», explique-t-il.
Pour éviter de fragiliser les trésoreries des petites entreprises, les périodes de soldes devraient donc être fixées au niveau des régions, propose le Syndicats des indépendants. Elles doivent aussi correspondre à «une saisonnalité cohérente de liquidation de stocks de fin de saison », ajoute l’organisation professionnelle.
Enquête sur les soldes d’été 2022 réalisée par le Syndicat des indépendants (SDI) du 14 au 17 juin auprès de 870 commerçants et artisans de proximité.