Démarches administratives dématérialisées, prises de rendez-vous en ligne… La pandémie a jeté une lumière crue sur les «éloignés du numérique», qui n’ont pas ou très peu accès à Internet.
«Alors que l’objectif gouvernemental (d’arriver à) 100% des démarches dématérialisées faisait craindre une exacerbation des fractures numériques, les confinements consécutifs à la crise sanitaire en ont brutalement démontré l’ampleur. Soudainement, les guichets étaient fermés et les standards téléphoniques débordés», soulignent Nasta Belhumeur et Antoine Rode dans une étude sur les «éloignés du numérique face au nouveau fardeau administratif» parue en juin.
«L’exclusion numérique» devient un facteur aggravant de l’exclusion sociale, soulignent aussi les associations d’aide aux plus démunis comme les Restos du cœur, qui ont fait de la lutte contre cette fracture une des priorités de leur 37e campagne. Pour leur président Patrice Douret, la crise «a eu un effet d’accélérateur» de la fracture numérique.
Maîtrise insuffisante des outils numériques
Une enquête du Crédoc, publiée l’été dernier, montrait qu’il existait plusieurs freins persistants. «Outre l’équipement absent ou obsolète, l’absence d’accès même à Internet, c’est la complète maîtrise des outils qui semble poser le plus de problème», soulignait le rapport. Au total, seuls 56% des adultes interrogés disaient se débrouiller seuls ou ne pas avoir de difficultés particulières.
Selon des chiffres de la Mission société numérique, chargée par le gouvernement d’accompagner les «stratégies locales d’inclusion numérique», 13 millions de Français demeurent «éloignés du numérique», c’est-à-dire qu’«ils n’utilisent pas ou peu Internet et se sentent en difficulté avec ses usages». Le récent plan France Relance prévoit de déployer 4 000 «conseillers numériques», qui proposeront des ateliers d’initiation sur tout le territoire.
Avec l’AFP.