La France va-t-elle s’aligner sur la législation européenne et permettre aux esthéticiennes d’utiliser des lasers, comme l’affirme José Flotats ? Le directeur général de la société Corpoderm se confie à Profession bien-être.
Profession bien-être : La question du laser a divisé toute la profession depuis un an avec beaucoup de passion de part et d’autre. Touche-t-elle enfin au but ?
José Flotats : Oui. Je peux aujourd’hui affirmer que le fameux décret autorisant les esthéticiennes à se servir d’un laser à visée esthétique est bien dans les tuyaux. Nous devrions le voir publié dans les semaines à venir. Et pour avoir eu accès au contenu du décret, j’ajoute que les esthéticiennes pourront bien s’en servir, à l’instar de leurs consoeurs européennes. Le laser à vidée esthétique – la nuance est importante – est enfin à la portée des esthéticiennes, il n’est plus plus réservé aux seuls médecins.
Ce décret, c’était un peu le serpent de mer. Tout le monde en parlait, mais personne ne passait à l’action. Vous étiez confiant, malgré tout ?
Absolument ! Nous faisons partie de la communauté européenne et il était impensable que seules les esthéticiennes française soient exclues de cet accès au laser. Aujourd’hui, la règle est de normaliser les législations européennes. Et, dans le domaine de l’esthétique, nous avons un précédent, celui de la lumière pulsée.
Tous ces problèmes, ces tracasseries juridiques, ces dénonciations pour usage illégal de la médecine, nous les avons déjà vécues ! Tout cela pour finir par accepter que l’IPL soit utilisé en institut. Et cela ne touche pas que les esthéticiennes elles-mêmes. En tant qu’équipementiers, nous avons eu, nous aussi, notre part d’actions en justice… et nous avons soutenu et suivi plusieurs de nos clientes dans les actions en justice.
Est-ce une surprise pour le secteur ?
Non. Cela fait dix-huit mois que le texte est en discussion. Le gouvernement nous a envoyé un projet de texte définitif il y a quinze jours. L’annonce officielle ne devrait plus tarder. Pour une fois, malgré les divergences d’opinion, les professionnels du secteur ont su travailler ensemble pour parvenir à un résultat. Même si parfois, dans nos propres rangs, certains ont pu faire preuve d’auto-censure en voulant limiter les différentes puissances des appareils.
Vous estimez qu’il ne faut pas brider les lasers destinés aux esthéticiennes ?
Non. Les problèmes ne viennent jamais de la puissance des appareils, surtout lorsqu’ils ont été vérifiés et certifiés par une norme européenne, mais de ceux qui les utilisent. Je mettrais plutôt en cause le manque de formation sérieuse. Une esthéticienne diplômée et bien formée aux procédures laser est parfaitement capable d’effectuer des séances d’épilation définitive. La demande du public est là, et les empêcher d’utiliser des technologies modernes, c’est condamner leur activité à plus ou moins longue échéance. Brider la puissance des appareils, c’est se limiter en résultats. La puissance est l’un des éléments qui conditionne ces résultats.
Pensez-vous que le décret sera publié avant le Congrès esthétique et spa, à la mi-avril ?
Non, cela semble un peu rapide ! Il faut plutôt compter sur une publication avant l’été. Mais le décret est dans sa phase finale, il va être mis en place.
Cela ne vous empêche pas de présenter un laser sur votre stand…
Là n’est pas la question. Des lasers à visée esthétique, vous pouviez les trouver sur le marché depuis plus d’un an ! Vous pouviez les vendre, les acheter… Mais ils restaient un problème pour les instituts. Aujourd’hui, nous avons la certitude que nos futures clientes ne courent pas le risque d’être poursuivies en justice. Cela fait une grosse différence ! Alors, oui, nous présentons sur notre stand un laser, fabriqué en Espagne, pourvu d’une certification et d’un CE médical.
Si tout le monde pouvait acheter un laser, qu’apporte le décret ?
Tout simplement, la légitimité de s’en servir ! Et cela fait toute la différence, car ce décret permettra à l’esthéticienne de s’assurer, en toute légalité, pour ses risques professionnels, sans avoir à recourir à une compagnie d’assurances étrangère, plus ou moins fiable en cas de problème.
Propos recueillis par Siska von Saxenburg.