Manon Igel a tout juste 25 ans et un institut à Marly, en Moselle, qu’elle a ouvert au lendemain du premier confinement. En colère, elle vient de publier une longue lettre à l’attention du chef de l’Etat pour lui dire son désespoir. Et son amertume.
Manon a passé un BP d’esthétique en alternance, puis s’est inscrite dans une école de maquillage, à Metz, avant d’ouvrir son propre salon, quelques années plus tard, passant du statut de salariée à celui de chef d’entreprise. «L’ouverture de son institut, Manon Fée de la Beauté, était prévue le 1er avril 2020, mais c’était impossible en raison du premier confinement. Le lancement est reporté au mardi 2 juin, les clients suivent», raconte Le Républicain Lorrain.
Las ! Si l’activité repart pendant quelques mois, le 30 octobre, un deuxième confinement vient jeter un voile sur les espérances de la jeune esthéticienne. La banque accepte un report des échéances. Puis la machine repart. Court répit. Sitôt rouvert, son institut doit à nouveau fermer, début avril. Mais pas les coiffeurs. Manon s’interroge, comme des milliers d’esthéticiennes. Mais après la stupeur, c’est l’amertume.
« J’ai dû fermer mon institut injustement »
Dans sa lettre publiée sur Facebook, Manon interpelle directement le locataire de l’Elysée. «Monsieur le président, ce texte s’adresse à vous et j’espère qu’il sera suffisamment partagé pour arriver devant votre écran de téléphone ! Comment pouvez-vous justifier cette injustice ?», lui demande la jeune femme.
«Nous en avons tous ras le bol !», assène l’esthéticienne, qui pointe la fameuse liste de commerces dits «essentiels», modifiée au début du mois de mars. «Comment les coiffeurs peuvent-ils rester ouvert et être considérés comme essentiels, et nous esthéticiennes, praticiennes du bien être des femmes (et hommes pour certaines) sommes considérées comme non essentielles ??», fulmine-t-elle.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir voulu bien faire : «nous mettons en place des choses pour satisfaire un maximum nos clientes et respecter les règles, vos règles que nous subissons depuis un an». Mais les nouvelles restrictions sanitaires sont venues jeter un doute sur le sens des efforts demandés aux commerces fermés. «Il y en a marre des demi-mesures […]», finit-elle par lâcher, avant de conclure, sur un mode laconique : «Je m’appelle Manon et j’ai dû fermer mon institut injustement».