«Bulle zen», «temple du bien-être», «cocon douillet» : autant de promesses étalées sur les argumentaires des spas et des instituts, qui, à force d’exagération, finissent par ne plus rien dire. Car les cabines de soin ne résonnent pas toujours uniquement de musiques relaxantes…
Tous les dirigeants de centres de bien-être en sont conscients. L’ambiance de leur établissement est le meilleur atout de leurs prestations. Et tous sont persuadés d’avoir parfaitement insonorisé leur lieu. Sauf que… le fond sonore que les esthéticiennes ont intégré, parce qu’il fait partie de leur quotidien, peut se révéler une vraie nuisance pour la cliente qui vient effectuer un soin en cabine.
Les exemples sont hélas nombreux : une porte qui claque, des pas qui martèlent le sol du couloir, des tiroirs que l’on tire pour y prendre des produits ou du linge, des discussions entre praticiens, même à voix basse, peuvent importuner celle ou celui qui se trouve allongé sur la table de massage, dans l’attente d’un moment «hors du temps».
Il est des bruits contre lesquels vous ne pouvez rien, comme les travaux dans l’immeuble. Ne sous-estimez pas leur pouvoir de nuisance : l’une des principales raisons de la fermeture du très beau spa «After the Rain», à Genève, après dix ans d’existence, résidait dans les travaux effectués dans la banque voisine. Une symphonie pour marteaux piqueurs et perceuses qui n’incitait pas à la relaxation, but premier d’un soin spa !
Les bracelets qui s’entrechoquent…
Pas de travaux extérieurs ? Vous n’êtes pas pour autant tiré d’affaire. La porte d’entrée, par exemple. Quel que soit son matériau (verre ou bois), elle doit pivoter en douceur, sans grincement. Pensez aux arrêts de porte en caoutchouc épais pour éviter qu’elle ne claque contre le mur. Vous tapez sur un clavier d’ordinateur ? Là encore, du bruit… Et si vous pensez qu’il suffit de bien insonoriser, encore faut-il avoir tout prévu : le parquet qui grince, la pierre qui répercute le claquement des talons…
Et puisque nous parlons des praticiens… Surveillez attentivement leur façon d’être et de s’habiller. Pas de bijoux (exit le bruit des bracelets qui s’entrechoquent), pas d’uniformes bon marché, dont les textures crissent lors du frottement (et accessoirement occasionne de la transpiration), pas de claquettes sonores (rien que le mot devrait vous faire frémir), et vous aurez déjà supprimé pas mal de problèmes. Cerise sur le gâteau : si vous leur apprenez à baisser la voix, à marcher de façon souple et silencieuse, à entraîner la cliente dans une zone de silence, vous aurez fait un grand pas en avant.
Éviter les erreurs de design
Mais le gros des nuisances sonores dans un établissement vient surtout des problèmes de conception au départ. Si vous avez opté pour un bain à remous, sachez que même les plus luxueux sont bruyants, voire très bruyants. Tenez-en compte dans la conception de votre lieu et ne le placez pas dans la zone réservée aux massages.
Ne répétez pas l’erreur de base du U-Spa du Fouquet’s Barrière, qui, lors de son ouverture, avait placé sa cabine balnéo au beau milieu de ses cabines de massage. Même l’insonorisation la plus sophistiquée ne pourra masquer le bruit du moteur ! De même, ne placez pas une station manucure, par essence plus sonore qu’un soin spa, à coté de vos cabines de massage.
De façon générale, respectez scrupuleusement la démarcation entre zone sonore et zone silencieuse, de même que vous êtes attentif aux espaces soins humides et soins secs. Inutile, d’ailleurs, de matelasser totalement les murs de vos cabines : le bruit passe le plus souvent… par la porte. Il est donc plus efficace de pourvoir celle-ci de joints (sans oublier le dessous).
Et pour finir, un dernier bémol sur l’illustration sonore de votre établissement. En ce qui concerne le soin, demandez à votre client ce qu’il désire entendre. Ce ne sera pas forcément le chant des baleines, mais le luxe ultime : le silence.