Créatrice de la marque L’Accent, Adéline Constance, diplômée d’esthétique et de chimie, explique à Profession bien-être son parcours d’entreprenariat au féminin. Une course d’obstacles où les esthéticiennes ne sont toujours pas prises au sérieux…
Profession bien-être : Pourquoi vous êtes-vous lancée dans la création d’une marque de maquillage ?
Adéline Constance : Tout simplement, parce que j’ai fait un BTS d’Esthétique-Cosmétique avant de poursuivre des études de chimie. Ma première vie professionnelle s’est déroulée dans le monde de la formulation de l’industrie cosmétique. J’ai travaillé par exemple chez Terre d’Oc qui a été l’une des premières marques de maquillage bio, même si, aujourd’hui, ils ne produisent plus que des thés.
Comment s’est passé le passage à la création d’entreprise ?
Curieusement, mon BTS d’Esthétique-Cosmétique, qui expliquait ma démarche, m’a plus desservie qu’autre chose… Les financiers et les banquiers me considéraient comme une esthéticienne sans expérience. J’ai fini par supprimer ce diplôme de mon CV, un comble ! Je sais que l’on parle beaucoup d’entreprenariat au féminin, mais je peux vous assurer qu’il vaut mieux être un homme pour créer une entreprise ! Un homme mettra un à deux ans pour fonder sa société, une femme mettra au moins cinq ans…
D’autant plus que vous proposiez un concept un peu novateur…
Oui. Même si beaucoup de marques de maquillage se vantaient de mettre des actifs de soin dans leurs produits, le dermo-maquillage restait à inventer. Il s’agit de produits aussi efficaces en soin qu’en maquillage, en respectant les peaux les plus sensibles. C’est une solution idéale pour les peaux à problèmes relevant de la dermatologie.
Mais en quoi ces produits diffèrent-ils d’un produit make-up traditionnel ?
En fait, ils doivent être aussi efficaces en maquillage qu’en soin. Ils sont donc formulés avec un minimum d’ingrédients pour limiter les éventuelles interactions avec les différents traitements dermatologiques et doivent laisser la peau respirer tout en apportant un effet maquillage et soin en toute sécurité.
Je voulais aussi des produits naturels et fabriqués en France. Quand j’ai pris la décision de me lancer, en 2013, il y avait très peu de marques de maquillage «made in France». Je voulais répondre à une demande naissante pour une gamme hybride, maquillage et soin, et j’ai mis la barre encore un peu plus haut en privilégiant des circuits courts et un actif phare.
Vous semblez l’avoir trouvé avec la châtaigne…
Oui. On la trouve en abondance dans la région dans laquelle je me suis installée, à Alès, au cœur des Causses, dont nous fêtons cette année les dix ans au Patrimoine mondial de l’Unesco. Elle possède aussi des vertus tout à fait intéressantes. Elle est riche en sucres, qui sont naturellement hydratants et en polyphénols, de puissants antioxydants. Nous en avons extrait deux actifs que nous avons fait breveter : le «pigmactif» de châtaignier et l’«oléoactif» de châtaignier.
Pourquoi faire breveter ces actifs ?
Parce qu’ils sont la clé du produit. Les poudres minérales, si intéressantes qu’elles soient sont aussi très desséchantes. En travaillant les pigments, ils peuvent libérer sur la peau les actifs hydratants de la châtaigne. Nos tests cliniques ont démontré que la peau gagnait ainsi 7,9% d’hydratation après 8 heures d’application. Toutes ces étapes ont duré des années avant le lancement !
Question pratique : pourquoi avoir opté pour un fond de teint sous forme de poudre libre ?
Parce que notre poudre d’éclat simplifie le rituel de beauté des femmes : 100% naturelle et rechargeable, avec une formulation courte, elle s’applique au pinceau comme une poudre de soleil. Résultat : pas de démarcation, une sensation de peau nue et une hydratation continue tout au long de la journée. Elle permet de couvrir les imperfections sans effet de masque et séduit ainsi les femmes qui n’aiment pas se maquiller.
Propos recueillis par Siska von Saxenburg.