Du 5 avril au 17 septembre, le Musée des arts décoratifs présente une exposition consacrée aux cheveux et aux poils dans le monde occidental. Une occasion unique d’explorer l’histoire de la coiffure et de la pilosité faciale et corporelle.
Divisée en cinq thématiques, l’exposition retrace l’histoire du poil dans la culture occidentale. La première partie suit l’évolution da la coiffure féminine. Au Moyen Âge, le port du voile s’impose jusqu’au XV°siècle. A partir de là, les femmes vont adopter des coiffures extravagantes : des coiffures crêpées de Marie de Médicis aux couettes bouclées de Madame de Sévigné, les coiffures deviennent des phénomènes de mode, aux structures déplus en plus alambiquées.
Visage glabre ou barbu ?

(1912). A droite, le calendrier des Dieux du stade 2012, un athlète glabre et lisse qui se rapproche de l’esthétique antique.
Après les visages glabres du Moyen Âge, à l’aube de la Renaissance, la barbe devient symbole de courage et de force. Au XVI° siècle, Francois 1er, Henri VIII et Charles Quint portent la barbe, associée à l’esprit viril et guerrier. Les deux siècles suivants verront arriver l’usage de la perruque et du visage glabre. Le XIX° sera sans doute le plus poilu des l’histoire des modes masculines, créant dans la foulée une multitudes de petits accessoires du fixe-moustaches au fer à friser.
Après la Première Guerre mondiale, visages lisses et barbus vont alterner jusqu’au retour de la barbe chez les hipsters de la fin du siècle. Une vogue qui va faire renaitre le métier de barbier, pratiquement disparu depuis 1950. L’exposition s’attarde aussi sur le choix de conserver ou d’éliminer les poils des autres parties du corps.
La pilosité est rare, voire absente de la peinture ancienne. Seuls les adeptes de sports comme la boxe ou le rugby montrent des individus velus. Lorsque les corps féminins découvrent leurs jambes, vers 1910-1920, on voit apparaitre toute une industrie de crèmes dépilatoires et de tondeuses pour les épiler.
Signe des temps : si, en 1972, l’acteur Burt Reynolds pose nu, tous poils dehors pour Cosmopolitan, depuis 2001, les sportifs posant pour des calendriers comme les Dieux du stade affichent une pilosité soigneusement contrôlée…

Les secrets des postiches et des couleurs
Devenu chauve très jeune, Louis XIV adopte la perruque de «cheveux vifs», conçue par le coiffeur Binet, vite adoptée par tous les courtisans. Des siècles plus tard la perruque d’Andy Warhol deviendra tout aussi iconique. Aujourd’hui, postiches et perruques sont des accessoires indispensables de la haute couture et des défilés de mode.
Les couleurs des cheveux véhiculent des symboles éternels : le blond reste attaché à l’innocence, la grâce et l’enfance, tandis que le roux est l’apanage des femmes sulfureuses et des sorcières. Le noir serait le signe de caractère des brunes… Les colorations contemporaines sont plus fantaisistes, jusqu’à devenir de véritables œuvres d’art, comme le travail du coiffeur Alexis Ferrier, qui réalise des impressions digitales sur de vrais cheveux.
Métiers et savoir-faire
En 1945, la création de la haute coiffure élève le métier au rang de discipline artistique et d’un savoir-faire français. Le XX° siècle sera marqué par Guillaume, Antoine, les sœur Carita et Alexandre de Paris, coiffant princesses et célébrités. De nos jours, la grande coiffure s’exprime principalement lors des défilés. Invités à l’exposition, Sam McKnight, Nicolas Jurnjack ou Charlie Le Mindu réalisent des coiffures extraordinaires pour les top-models et les personnalités du show-business.
Regards sur un siècle
La dernière partie de l’exposition est l’occasion d’évoquer les coiffures iconiques, du chignon 1900 à la coupe garçonne, des cheveux permanentés et crantés des années 1930 à la choucroute des sixties. Le visiteur y retrouvera aussi les cheveux longs des seventies et d’autres courants, plus idéologiques qu’esthétiques, comme la crête iroquoise des punks, les cheveux négligés des grunges ou les crânes rasés des skinheads.
Avant de quitter les lieux, le visiteur pourra aussi découvrir quelques créateurs contemporains qui ont choisi ce transcender cette matière intime en objet de mode. Martin Marginal, Josephus Thimister et Jeanne Vicarial ont ainsi bravé la superstition qui s’attache à ne pas vouloir porter les cheveux d’un autre…
Des cheveux et des poils, du 5 avril au 17 septembre 2023.
Musée des Arts Décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris.