INTERVIEW. Spécialiste des cheveux «hybrides», le coiffeur Nicolas-Alexandre Henry a développé, pour ses clients, une approche globale de la beauté, avec des prestations esthétiques de pointe, comme la dermopigmentation, et le concours d’une nutritionniste.
Profession bien-être : Vous vous êtes positionné comme un spécialiste des cheveux hybrides. Quelle est l’origine de cette spécialité ?
Nicolas-Alexandre Henry : On s’intéresse toujours à ce qui vous touche de près ! Entre un père coiffeur d’origine italo-quadeloupéen et une mère esthéticienne allemande, j’ai baigné très jeune dans une approche multiculturelle de la beauté. J’ai travaillé en salon dès mes seize ans ! Lorsqu’on aborde ce métier sans idée préconçue et sans se mettre des barrières, il est passionnant. J’en ai aimé toutes les facettes : je suis à la fois styliste, barbier, technicien de la coupe et coloriste. Chaque étape est gratifiante.
Cela n’explique pas votre fascination du cheveu texturé…
En fait, je suis parti de mes origines et j’ai extrapolé. Lorsque j’ai repris l’affaire familiale, je me suis aperçu que les cheveux de nos clients avaient changé. Il y a eu au cours des trente dernières années tant de brassages que l’on assiste aujourd’hui à l’apparition de cheveux hybrides : la diversité capillaire du Maghreb, les textures africaines et antillaises, le cheveu caucasien fin et raide, le cheveu asiatique résistant et fourni, tout cela a provoqué de nouvelles textures capillaires. D’où mon appellation de texture hybride.
Vous étiez précurseur dans cette voie ?
Oui, j’étais en avance. Et comme vous le savez, il existe très peu de formation pour les cheveux texturés, comme le cheveu crépu africain. Et pratiquement aucune pour les textures hybrides apparues récemment. C’est notre capacité à comprendre ces textures qui a fait notre réputation. Il n’y a plus de modèle unique : chaque chevelure se traite différemment. C’est également une porte ouverte pour la conception de nouveaux produits, plus personnalisés.
À l’inverse d’autres coiffeurs, vous êtes plutôt partisan de la beauté globale ?
Forcément ! Coiffure et esthétique sont deux domaines très complémentaires, il m’est difficile de les séparer. Notre salon possède une cabine fermée qui accueille une esthéticienne diplômée indépendante. Et depuis deux ans, nous avons mis en place une prestation de dermopigmentation pour les hommes qui perdent leurs cheveux ou veulent transformer leur calvitie en crâne rasé tendance. Même les femmes s’y intéressent pour donner l’impression d’une chevelure plus fournie.
Cette activité est-elle compatible avec un salon de coiffure ?
Absolument. Nous avons une cabine séparée qui respecte toutes les conditions d’hygiène imposées par la loi. C’est une prestation très bien perçue, particulièrement par les clients de notre service barbier. Enfin, dernier détail, mais qui a son importance : il s’agit d’une prestation plus que rentable.
Mais au-delà des services esthétiques et de la dermopigmentation, vous proposez aussi les services d’une nutritionniste. Quel rapport ?
La beauté, cela passe aussi par la santé et par l’intérieur. Je suis un sportif convaincu. Musculation, fitness et bodybuilding me procurent un équilibre nécessaire. Or, dans ce type d’entrainement, l’alimentation est essentielle. Elle permet d’assurer la santé et la forme, et donc forcément la beauté. Difficile d’avoir une belle peau et des cheveux sains et vigoureux lorsqu’on s’alimente mal. L’équilibre, c’est gérer à la fois le mental, l’alimentation et l’activité physique. C’est pourquoi j’ai demandé à ma femme, qui est nutritionniste, de rejoindre l’équipe.
Quelle a été la réaction des clients ?
Très positive. Lorsqu’ils viennent se faire coiffer, ils ont le temps de se poser et de parler d’eux-mêmes. Ils ne feraient peut-être pas forcément la démarche d’aller voir un nutritionniste en cabinet, mais au salon, c’est facile. Et cela permet de proposer vraiment des prestations de beauté «in» et «out».
Après la beauté globale, quelle est l’étape suivante ?
Certainement la formation. Sur le plan technique tout d’abord, car l’apparition de ces nouvelles typologies de cheveux bouscule forcément à la fois les techniques de coupe et le soin. Et la France a du retard à rattraper par rapport aux Anglais et aux Américains ! Sur le plan gestion et communication, ensuite. Car si exercer un métier qui vous passionne est un privilège, encore faut-il pouvoir en vivre confortablement.
Propos recueillis par Siska von Saxenburg.