A Saint-Avold, en Moselle, la multiplication des barbershops n’est pas forcément bien vue par les coiffeurs traditionnels. Certains d’entre eux vont jusqu’à évoquer une concurrence «déloyale», qui vient s’ajouter à celle des prestataires à domiciles.
«Alors que l’on souffre déjà de la concurrence des coiffeurs à domicile, nous devons faire aujourd’hui avec un autre genre de salons, qui pratiquent des tarifs au ras des pâquerettes ! C’est de la concurrence déloyale !», déplore une coiffeuse de Saint-Avold, citée par Le Républicain Lorrain. Selon elle, il est impossible de dégager des bénéfices en proposant une coupe homme à seulement 10 euros, ajoute le journal.
Car l’éventail des prix pratiqués à Saint-Avold a de quoi inquiéter les professionnels : pour se faire tailler la barbe, le tarif peut aller de 5 euros à 18 euros, tandis que, pour une coupe homme, cela passe du simple au double, de 10 à 21 euros. «Lorsque j’ai déduit le shampooing, la coupe, le coiffage, le gel, les dépenses en eau, électricité, le salaire, l’Urssaf et autres charges, il me reste 5 euros, pas plus !», argumente la coiffeuse, qui propose son forfait coupe hommes à 20 euros.
« Sont-ils titulaires d’un BP ? »
Une exception ? Pas vraiment. Cette gérante n’est pas la seule à se plaindre de la concurrence des barbiers, qui semblent pousser à tous les coins de rue dans la petite commune mosellane. Pour Serge Freytag, également mentionné par le quotidien régional, la rentabilité de ces établissements reste un mystère.
«Comment font-ils pour payer les charges, le loyer, le personnel ?», s’interroge le propriétaire du salon Coiff Club, qui doute aussi de la qualité des prestation… Pas sûr, selon lui, qu’elle soit à la hauteur de ce que pourrait attendre un client. «À ce tarif-là, on ne peut pas espérer avoir du filet pour du faux-filet», ironise-t-il.
Comme dans d’autres villes, confrontées à ces salons d’un nouveau genre, la question des diplômes est remise sur la table. «Nous sommes obligés d’être titulaire d’un brevet professionnel pour ouvrir un salon. Est-ce que ces coiffeurs-barbiers l’ont ? Sont-ils dans la légalité ?», se demande Serge Freytag.
Un taux de rotation plus élevé
Si l’ouverture d’un salon de coiffure oblige le patron ou un de ses employés à être titulaire d’un brevet professionnel, ce n’est pas forcément le cas si les barbiers s’inscrivent sous un autre code APE, rappelle la présidente de l’Unec de Moselle, Liliane Lind. Liliane Lind. Quant aux tarifs pratiqués, rien de vraiment illégal : ils sont libres depuis une vingtaine d’années.
«J’ai demandé un jour à un coiffeur barbier comment faisait-il pour pratiquer ces prix. Il m’a répondu que ses clients étaient obligés de revenir tous les dix-quinze jours pour avoir une barbe impeccable et bien taillée. D’où la multiplication du nombre de personnes qui fréquentent son salon et les rentrées d’argent. Certains installent même un billard dans leurs locaux…», raconte Liliane Lind. Bref, rien n’empêche, non plus, les barbiers de jouer la carte de l’innovation commerciale.