Alors que les Suisses peuvent déjà profiter des pistes, tout comme les Italiens et les Autrichiens, dans certains endroits, les stations françaises attendent encore le feu vert du gouvernement. Selon Matignon, la décision sera prise «dans les dix prochains jours».
«Peut-on se priver de la chance qu’une saison puisse se dérouler, parce qu’on ne se serait pas donné les moyens d’évaluer les conditions de son ouverture ?», se demandait Eric de Fenoyl, avocat associé au sein du cabinet Deloitte Taj, dans une tribune publié dans dimanche Le Monde. Il faudra attendre encore un peu pour connaître la réponse du gouvernement.
«La question» d’ouvrir ou de laisser fermées les stations «n’est à ce jour pas tranchée», a précisé Matignon dans un communiqué. «Compte tenu des temps de préparation nécessaires pour permettre une éventuelle ouverture pour les vacances de fin d’année, une décision sera prise dans les dix prochains jours», ajoute-t-il, en indiquant les critères sanitaires seront «essentiels», mais aussi la coordination avec les «pays voisins».
A ce jour, la situation sanitaire est encore tendue dans la région alpine : la Haute-Savoie présente le taux d’incidence le plus élevé de France (485,4/100 000 hab), juste devant la Savoie voisine (385,9/100 000) et l’Isère (365,2/100 000). L’afflux de skieurs fait donc craindre aux autorités la saturation des hôpitaux déjà engorgés par les malades du coronavirus.
La crainte d’un hiver sans ski
L’aspect financier n’est toutefois pas négligeable. Selon Domaines skiables de France, plus de 120 000 emplois, directs et indirects, dépendent de l’ouverture des stations de ski, et plus de 9 milliards d’euros de retombées économiques sont attendus. «A la différence du premier confinement, cette fermeture n’intervient pas à la fin mais au début d’une saison avec des impacts autrement plus complexes pour les sportifs et dramatiques pour l’économie de la montagne», souligne Eric de Fenoyl.
La grande interrogation concerne le secteur de l’hôtellerie-restauration. Pour l’Umih, les restaurants peuvent accueillir leurs clients sur place. La principale organisation de l’hôtellerie rappelle, dans un communiqué, que les protocoles sanitaires, «renforcés depuis septembre lorsqu’ils étaient bien appliqués, constituaient des barrières efficaces contre la propagation du virus».
Il y a dix jours, la ministre du Travail, Élisabeth Borne a estimé que les professionnels ne devaient pas hésiter à embaucher des saisonniers, quitte à demander ensuite le chômage partiel. Il importe de «préparer la saison» dès maintenant, malgré un contexte qui «va durer plusieurs mois», ajoutait-elle. Mais la crainte d’un hiver sans ski inquiète les acteurs du tourisme.
« Des activités peuvent rester fermées »
«Des hôteliers commencent à se dire que s’ils ne peuvent pas rouvrir à Noël, ils n’ouvriront pas de la saison, car ce n’est pas rentable. Cela aura des conséquences très lourdes pour la montagne française», déclare au Figaro Dominique Marcel, PDG de la Compagnie des Alpes, qui exploite de grands domaines skiables.
Jauges maximales dans les télécabines, files d’attente adaptées… : un protocole spécifique a été transmis au centre interministériel de crise, en vue de sa validation, apprend-on dans ce même journal. Des centres de prélèvement seront aussi mis en place dans les stations, avec des pisteurs secouristes qui pourraient être habilités à faire des tests de dépistage.
«Il est prématuré de prendre une décision aujourd’hui ou demain, car les choses évoluent très vite. L’important est que quand les stations ouvriront, tout aura été anticipé», assure auprès de l’AFP Hervé Gaymard, le président du conseil départemental de Savoie, qui représente «45% du ski français». Selon lui, «certaines activités peuvent rester fermées, même si l’on rouvre les stations».