Face à la demande de nature du public, les spas américains rivalisent d’imagination pour l’incorporer dans leurs établissements : murs végétaux, fontaines, pierres sur fond de plantes et de bois bruts… De quoi inspirer les Français.
Jamais à court de termes techniques, les experts américains prônent la «biophilie», un concept qui correspondrait à la demande actuelle du public. Composé à partir du grec «bio» (la vie) et du suffixe «philie» (qui aime), il désignerait l’amour des humains pour le vivant. Formulé pour la première fois par le psychanalyste américain Erich Fromm dans les années 1960, ce mot sera repris vingt ans plus tard par le biologiste Edward Wilson dans son ouvrage «Biophilia», qui invente, au passage, le terme de «biodiversité».
L’idée est simple : elle suggère que les humains auraient un sens inné du lien avec la nature et les autres formes de vie, et que s’en priver pourrait même provoquer des maladies. Les architectes spécialisés en spa se sont vite emparés du concept, en s’assurant qu’un lieu embrasse la nature dans la forme, les motifs, la couleur, le son et le toucher.
Incorporer des éléments naturels
L’eau est sans doute l’élément naturel le plus important dans les spas. L’apparition, au cours des dernières années, de piscines extérieures naturelles sans produits chimiques, entourés de roseaux assurant une filtration naturelle, est un signe qui ne trompe pas. Ces nouvelles installations séduisent les clients, qui peuvent ainsi s’immerger dans la nature en bénéficiant d’une baignade «sauvage».
Finalement, la meilleure façon de concevoir un spa ne serait-il pas de le faire presque disparaitre ? C’est possible, quand le lien avec la nature l’emporte. C’est le cas des «garden spas», qui implantent le spa en extérieur. Les clients peuvent s’y connecter avec la nature avant et après le traitement, en écoutant le bruit du vent et les chants des oiseaux.
Certains spas asiatiques situés dans des régions chaudes le pratiquent depuis longtemps. La vue sur la nature extérieure est vitale. Ainsi, toute occasion de s’allonger face à une belle vue peut améliorer l’expérience client, estiment leurs concepteurs. Même les suites thermales peuvent être réalisées pour profiter de la beauté du paysage. La conception de murs incurvés ou de cloisons vitrées du mur au plafond dans un sauna permet d’intégrer la nature à ces soins. Une conception reprise dans certains pays nordiques.
Travailler avec la lumière
Travailler avec la lumière naturelle signifie embrasser les variations du spectre lumineux. Le matin et le soir inonderont naturellement l’espace intérieur avec un spectre rouge, plus chaud, alors que midi apportera une lumière plus forte, dans le spectre bleu.
Les variations d’intensité entraineront une ambiance différente à l’intérieur du spa, et la transition entre l’intérieur et l’extérieur sera moins marquée. Au fur et à mesure que la lumière naturelle se reflète sur les surfaces intérieures, les éléments blancs seront plus lumineux dans la journée et plus doux le soir.
Les architectes «biophiles» n’utilisent que des couleurs, des matériaux et des motifs d’aspect naturel. Les roches, les galets et le bois ajoutent une touche plus rustique, rehaussée par des plantes vivantes. Le vert, le bleu, le jaune et le rouge ont une influence positive. Les tons de gris favorisent le stress.
Le concept est avant tout respectueux de l’environnement. L’utilisation de matériaux naturels et de plantes à croissance rapide, comme le bambou, réduira l’utilisation de matériaux de constructions transformés. En utilisant la lumière du jour et la circulation naturelle de l’air, le spa peut ainsi réduire sa consommation d’énergie liée à l’éclairage, au chauffage et à la climatisation.
Rehausser l’expérience client
La connexion à la nature présente de nombreux avantages : elle abaisse la tension artérielle, relaxe en profondeur, tout en réduisant le stress et améliorant l’humeur. De plus, les éléments naturels aident à ancrer le spa dans une réalité permanente. Ils donnent à l’espace une sensation de confort.
Mais cela ne profite pas qu’aux seuls clients. Bien conçu, l’espace peut offrir les mêmes avantages au personnel. De nombreux praticiens passent de longues heures dans des pièces sombres. Ils iraient mieux si le spa avait été conçu pour laisser entrer la lumière naturelle ou si la cabine était pourvue d’une paroi en verre qui donne sur un espace vert !
Par où commencer ?
Les éléments clés à insérer dans une conception biophilique sont la lumière naturelle, les plantes, le feu et l’eau. La première étape est donc de vérifier s’il existe des options pour étendre le spa à l’extérieur. Cela peut se traduire par une terrasse de yoga, des sièges incurvés autour d’un foyer, une promenade dans un jardin d’herbes ou un bain dans une piscine naturelle.
Les plantes peuvent amener l’extérieur à l’intérieur : elles purifient et oxygènent l’air. Le mur végétal est une solution parfaite. Vous pouvez prendre pour exemple le mur végétal édifié pour l’espace Weleda à Paris. Ouvert en 2006, le centre a subi une rénovation complète en 2019. Le mur végétal d’origine a été doté d’une structure en vannerie exécutée par un meilleur ouvrier de France.
Curieusement, dans cette conception des espaces, la mise en fragrance n’est plus un élément clé de l’expérience client. Et les moyens techniques permettent de créer des micro-climats selon les différents espaces du spa.
Un conseil, toutefois : la conception biophilique fonctionne mieux lorsqu’elle intègre des éléments naturels locaux. Le client sera moins déconnecté si la transition écologique est assez transparente. Surtout si le spa se trouve dans une région naturellement belle, l’objectif sera alors de faire «disparaître» les murs. Il faut donc, dès le départ, étudier l’environnement.
Par exemple, y a-t-il des forêts et des montages à proximité, et comment pouvez-vous intégrer ces éléments et construire un pont entre l’expérience intérieure et extérieure ? Dans quelle direction la lumière brille-t-elle ? Comment le soleil se déplace-t-il ?…
En fait, la plupart des spas pourraient s’inspirer de la conception biophilique. Et celle-ci peut se traduire de tant de façons : apport de plantes vivantes ou de matériaux naturels, voire de formes fluides qui rappellent l’environnement extérieur.
