Dans son dernier hors-série, le mensuel se penche sur les régimes à la mode, cétogène, Sirtfood, Dukan, Nartman et autre box minceur aux «résultats garantis». Verdict ? Pas de privations sans conséquences sur la santé…
Pas simple de s’y retrouver. Des régimes amaigrissants, on en découvre chaque année dans les pages des magazines féminins. Avec, à la clé, toujours le même objectif : perdre des calories le plus vite possible. Mais si ça marche, la plupart du temps, les kilos perdus sont aussi vite récupérés. «La reprise pondérale concerne 80% des sujets à un an et augmente à long terme», indiquait un rapport de l’Anses paru en novembre 2010, rappelle «60 Millions de consommateurs».
Alors, où est le problème ? «A long terme, le contrôle, toujours synonyme de privation, n’est pas tenable psychologiquement», résume la rédactrice en chef, Sylvie Metzelard. Pas de privations d’aliments sans conséquences physiologiques, donc. Un principe vieux comme les régimes, mais souvent oublié.
Et ces effets peuvent devenir préoccupants. «On estime que 35% des personnes qui suivent un régime amaigrissant dit ordinaire en arriveront à une forme pathologique de régime, et 20 à 25% d’entre elles développeront des troubles cliniques de l’alimentation», explique le Dr Laura Thomas, médecin nutritionniste, auteur de «Mangez comme vous aimez» (Larousse, 2020).
Les régimes qui imposent l’exclusion d’une catégorie d’aliments, comme la réduction de l’apport calorique journalier, créent ainsi des déséquilibres qui risquent de provoquer un effet «yoyo», bien connu des amateurs, avec un impact durable sur la santé. Le magazine ne nous laisse guère le choix : il faut les fuir avant qu’il ne soit trop tard…
Des régimes souvent trop restrictifs
«Régime égale danger, car il est associé à la notion de contrainte et d’exclusion», renchérit Pierre Déchelotte, président de la Société francophone de nutrition clinique et métabolisme (SFNCM) et chef du service de nutrition au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Rouen. Néanmoins, les régimes ne manquent pas d’arguments, reconnaît le magazine.
Et le premier d’entre eux fait souvent mouche : en finir avec les kilos en trop sans souffrir… «Sauf que la plupart des promesses reposent sur du vent, comme tous ces produits miracles aux allégations santé ou nutrition bien souvent très approximatives», s’empresse de corriger la revue de l’Institut national de la consommation.
Au final, pas un régime ne trouve grâce à ses yeux. Sirtfood ? «Ultrarestrictif», il s’accompagne d’une perte de masse musculaire. Dukan ? « Il y a tellement peu de fibres, d’acides gras essentiels, de lipides et micronutriments, qu’il faut en parallèle supplémenter les gens»… La méthode de Jean-Michel Cohen ? Hyperprotéiné et hypocalorique, et donc d’inévitables carences…
Même le régime cétogène, adulé par les stars, est à prendre avec des pincettes, insiste le magazine, car «manger du gras ne veut pas dire manger n’importe quel gras, au risque de provoquer une stéatose hépatique». Quant aux régimes qui promettent tout et tout de suite – par exemple, Scardsdale (8kg en 14 jours) ou Thonon (10 kg en 14 jours) -, ils sont tellement restrictifs qu’ils entraînent très vite «gros coup de fatigue» et «hypoglycémie»…
Éduquer ses papilles dès l’enfance
Les régimes «sans» ne sont pas non plus épargnés. Conçus, à l’origine, pour de vrais malades (allergies, maladie cœliaque, etc.), ils ne sont pas forcément bien adaptés aux personnes en bonne santé. Pour le «sans gluten», par exemple, si l’organisme peut s’en passer, «son exclusion implique de supprimer le blé, le seigle et l’orge, et donc de se priver de leurs fibres, minéraux et vitamines», rappelle le magazine, ce qui implique de changer profondément son mode d’alimentation.
«Manger vegan» est aussi très contraignant. Car se priver de vitamine B12, présente dans les aliments d’origine animale, si l’on ne consomme ni produits laitiers, ni œufs, n’est pas sans risque. Ce hors-série, très complet, ne ménage donc pas ses efforts pour casser nos belles illusions. «La pilule miracle n’existe pas», et le mirage» des box minceur», quant à lui, est bien réel : aliments ultra-transformés, conservateurs naturels dangereux (sels, sucres, alcool..), agent de synthèse caché, coaching «anecdotique»…
La solution ? «Ecouter ses sensations plutôt que des diktats… Voilà un début de piste», suggère «60 Millions». Manger ce que l’on veut, mais en diminuant ses portions. «Loin des régimes, il existe des repères simples : éduquer les papilles dès l’enfance, jouer avec les couleurs, saveurs et textures… Ce ne sont jamais les restrictions mais le plaisir qui doit guider notre alimentation », assure la revue. Et c’est bien là le problème : le plaisir plutôt que l’envie de manger…