Dans «Antifatigue», Pierre Philip, professeur de médecine au CHU de Bordeaux, livre son analyse de chercheur sur le sommeil et les capacités de chacun à combattre la fatigue. Avec, à la clé, un programme qu’il est urgent de suivre : en 30 ans, nos nuits ont raccourci de 90 minutes !
On ne s’est jamais autant plaint de fatigue et de manque de sommeil, et ce n’est pas un hasard : si, pour la plupart des adultes, une nuit devrait durer entre sept et huit heures, ce n’est plus vraiment le cas. La durée moyenne du sommeil est tombée à 6h42, ce qui représente des nuits plus courtes de… 90 minutes qu’il y a trente ans.
«La fatigue est le nouveau mal du siècle derrière lequel se cache un véritable fléau : le manque de sommeil», assure le Pr Pierre Philip. L’auteur d’«Antifatigue », qui vient de paraître chez Albin Michel, sait de quoi il parle : «En trente ans de médecine dédiée à la prise en charge des troubles du sommeil, j’ai vu défiler dans ma clinique du sommeil un nombre incalculable de patients en souffrance et en quête de réponses», écrit-il.
Des réponses, son livre en donne de nombreuses. Et d’abord, la première d’entre elles : la fatigue et le manque de sommeil sont deux choses différentes. Voilà une affirmation qu’il est difficile d’admettre intuitivement. Et pourtant, «il faut commencer par se sortir de la tête que le sommeil survient quand on est fatigué et qu’il est là pour nous reposer», insiste le spécialiste.
Mêmes symptômes, donc, mais traitements différents, prévient le professeur. La fatigue se traite par le repos. Le manque de sommeil, c’est… plus compliqué, même si les effets sont connus : difficulté à se maintenir éveillé dans la journée, manque de concentration, lassitude, etc. Mais, à la longue, les risques pour la santé ne sont pas anodins : hypertension, probabilité plus forte d’infarctus et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), obésité et diabète de type 2, car le manque de sommeil stimule aussi l’appétit…
«La barrière des 6h de sommeil auto-déclarée définit la zone de dangerosité», estime le médecin. Mais le repos n’étant pas suffisant, que faire pour pouvoir tomber à nouveau dans les bras de Morphée ? D’abord, nous dit le spécialiste, il nous faut comprendre que le sommeil est un état actif, au même titre que la veille. Bref, qu’il n’est pas qu’un simple symptôme, mais aussi une fonction du corps humain. Sans lui, par exemple, plus de mémoire !
Privilégier un sommeil lent et profond
Il s’agit alors de retrouver ce que le professeur de médecine appelle «l’hygiène du sommeil». «Pour bien comprendre, il faut imaginer un ‘réservoir de sommeil’ qui se remplit au cours de la journée et provoque l’endormissement quand il est presque plein», explique-t-il. Autrement dit, l’allongement de la durée de veille agit directement sur la durée du sommeil, mais aussi sur sa profondeur.
Car ce compte, plus que tout, c’est le sommeil lent et profond, indispensable «au nettoyage du cerveau». La recette ? Elle n’est pas très compliquée. S’appuyant sur le concept de «santé liée au sommeil», Pierre Philip revient sur quelques principes de base : des repas équilibrés, suffisamment de fruits et de légumes, un peu d’activité physique et sept heures de sommeil minimum chaque nuit.
Et si la durée peut varier d’un individu à l’autre, selon l’âge ou ses prédispositions génétiques, le professeur n’en démord pas : la meilleure façon de lutter contre les nuits blanches, c’est d’être en bonne santé. «Ça vaut le coup d’essayer : une heure de sommeil restaure environ 50% des performances du cerveau», suggère ainsi l’auteur, qui propose, à la fin de son ouvrage, un programme personnalisable.
« Antifatigue », du Pr Pierre Philip, Albin Michel, 256 p., 18,90 euros.
