Louée par ses promoteurs pour son impact écologique, la viande cellulaire suscite de nombreuses interrogations. Dans une tribune publiée dans Le Monde, un professeur d’université met en garde contre des procédés biotechnologiques dont on ne connaît pas encore les effets sur la santé.
Au début du mois, sa vente a été autorisée dans les restaurants de Singapour. Un premier pas prometteur pour la start-up américaine, «Eat Just», à l’origine du projet. En phase avec les préoccupations environnementales, la viande artificielle est présentée par l’industrie agro-alimentaire comme une solution à l’élevage intensif, la maltraitance animale ou l’émission de CO2
Plus de 330 tonnes de viande ont été produites l’an dernier dans le monde, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Mais cette industrie a aussi un coût en termes d’environnement, même si l’appétit des amateurs de viande devrait se modérer dans les pays développés.
«Cette introduction de la viande cellulaire à Singapour s’inscrit dans un mouvement de fond qui regroupe des chercheurs, des investisseurs, des entrepreneurs, mais également des géants de l’agro-alimentaire qui considèrent que l’agriculture traditionnelle doit être abandonnée», avertit Bertrand Valiorgue dans une tribune publiée dans Le Monde.
« Un choix civilisationnel »
Professeur de gestion à l’Université Clermont Auvergne (UCA) et auteur de «Refonder l’agriculture à l’heure de l’Anthropocène» (éditions Le Bord de l’Eau, 2020), il affirme que l’alimentation cellulaire, développée à partir de cellules souches, «est produite à partir de biotechnologies dont on ne connait absolument pas les effets sur la santé humaine».
«Il n’existe pas d’études d’impacts validées par des autorités sanitaires compétentes et indépendantes», selon l’universitaire, qui suggère que le «principe de précaution qui a conduit à un moratoire sur les OGM» devrait ici s’appliquer. C’est «un choix civilisationnel», animé par de «gigantesques perspectives de profits», prévient Bertrand Valiorgue, qui déplore l’absence de débat sur le sujet et le silence d’Europe Ecologie Les Verts (EELV).