Si les spas se sont développés à marche forcée au cours des dernières années en Chine, principalement dans les hôtels de luxe, le bien-être à la chinoise se traduit de façon bien différente au quotidien.
Malgré la fascination exercée en Chine pour la beauté et le bien-être à l’occidentale, même les spas les plus luxueux et les plus modernes ont su puiser dans l’extrême richesse de leurs traditions pour offrir à leurs clients une palette de soins très variée. Qu’il s’agisse d’un établissement de luxe ou d’une simple officine en milieu urbain, les principes de la médecine chinoise traditionnelle constituent le cadre de référence, même si les pratiques changent d’une région à l’autre, que ce soit au niveau des produits employés ou du savoir-faire.
Lors de la première visite, le personnel prend le temps de vérifier l’état de santé du client, en utilisant le toucher, la vue et l’intuition. Il pose également quelques questions sur la santé physique et émotionnelle. Ayant ainsi obtenu un aperçu de la condition générale de la personne, l’interlocuteur lui suggère alors des traitements comme de l’acupuncture, des massages ou de la gymnastique. Il lui prodiguera aussi des conseils sur son style de vie ou son alimentation, afin d’améliorer son état général. Le cœur de la méthode chinoise est sa grande personnalisation. Le traitement sera parfaitement adapté aux besoins du client.
L’interactivité entre le yin et le yang
Les racines de la médecine chinoise remontent à plus de 5 000 ans. A cette époque, elle est fortement teintée de chamanisme et de superstition. Cependant, les taoïstes, puis les adeptes du confucianisme, vont permettre aux Chinois d’établir les bases d’une méthodologie médicale rigoureuse. Selon la conception taoïste, le monde forme un tout, constitué de deux forces contraires mais complémentaires, qui s’amalgament sans jamais se confondre : le yin et le yang.
L’interactivité entre ces deux forces, c’est-à-dire la proportion relative de chacune d’entre elles, influe sur la qualité du Chi, l’énergie vitale qui anime l’univers et baigne chaque organisme, vivant ou inanimé, du plus humble au plus élaboré. À cette interaction permanente viennent s’ajouter les relations entre les cinq élément fondamentaux (eau, bois, feu, terre et métal), qui, selon les cas, s’opposent (cycle de destruction) ou se complètent (cycle de construction). Ces différentes influences expliquent, dans la pensée chinoise antique, les changements de notre corps et de notre environnement.
Pour comprendre la médecine chinoise, il faut appréhender parfaitement la notion de Chi, l’énergie vitale, à la fois soumise à l’influence tellurique (l’énergie de la terre, par essence yin) et à l’énergie cosmique (celle du ciel, considérée comme yang). Un médecin chinois voit donc le corps humain comme un système énergétique, dans lequel de nombreuses substances agissent pour transformer ces influences en énergie et faire fonctionner l’ensemble.
Restaurer l’harmonie via les méridiens
Le Chi, le jing (l’essence) et le shen (l’esprit) forment ainsi les «trois trésors». Le Chi gouverne l’énergie vitale, le jing la vitalité et la longévité, et le shen le cerveau et la vision. Les fluides corporels, comme le sang et la lymphe sont les autres substances vitales. Cette triple hiérarchie est propre aux philosophies orientales. Là où l’Occident parle de corps et d’esprit – mens sana in corpore sano : un esprit sain dans un corps sain -, l’Orient évoque le corps (le physique), l’esprit (le mental) et l’âme (le spirituel).
Tout l’art de la médecine chinoise va alors consister à restaurer l’harmonie, en agissant sur les méridiens, ces canaux d’énergie où circule le chi et couvrant tout notre corps. Il existe douze canaux principaux (six yin et six yang) dont chacun correspond à un organe. Le médecin agira sur des points situés le long de ces canaux énergétiques. Notre corps en comporte 300, mais, généralement, les praticiens n’en utilisent que 57.