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Erik Dumon : « Il faut apporter aux coiffeurs des compétences en gestion »

ERIK DUMON

Déplorant le peu d’intérêt des coiffeurs pour la formation professionnelle, Erik Dumon, vice-président de la FFACE et fondateur de l’école Educ Attitude, estime, au contraire, qu’elle constitue l’un des meilleurs moyens de revaloriser la profession.

ERIK DUMON Profession bien-être : Pourquoi est-ce si important pour vous de revaloriser le métier de coiffeur ?

ÉriK Dumon : Notre crédo, c’est d’expliquer que tout passe désormais par le collaborateur. Comment faire rentrer de la main d’œuvre dans un salon si la personne n’a pas envie d’y travailler ? Cela veut dire que nous devons faire savoir que ce métier est intéressant, que ce soit pour ceux de la filière coiffure, qui passent des CAP ou des BP et dont on sait très bien que 50% abandonnent, ou pour ceux qui viennent de l’extérieur, parce qu’on a de plus en plus de reconversions.

Si on ne les attirait que par l’image de la mode, on ne manquerait pas de candidats, mais ça ne suffirait pas. Il y aussi l’aspect financier. D’autant que la convention collective nous a permis de rémunérer les collaborateurs au chiffre d’affaires, au même titre que dans la restauration. Et là, on en en arrive à la formation. Nous estimons que plus les jeunes seront compétents dans leur métier, mieux ils sauront faire une proposition commerciale à leur cliente et plus elle consommera…

Qu’est-ce qu’il faut changer dans la formation actuelle ?

Il faut apporter au chef d’entreprise des compétences en gestion le plus rapidement possible. Il faut lui expliquer qu’il doit se diriger très tôt vers ce genre de formation, parce qu’il en va de l’avenir de son salon. Car il ne suffit pas de savoir couper les cheveux ou faire une barbe pour tenir un établissement. Ça, c’était dans les années 1980 ! Aujourd’hui, il faut savoir faire tout ça, mieux que le voisin, mais, en plus, il faut savoir gérer.

Et les collaborateurs ?

C’est important de les former, et pas seulement en techniques de coiffure. Il faut aussi leur apprendre qu’un salon ce n’est pas qu’une image de mode, c’est aussi un commerce, qui doit être rentable. Plus on l’apprend jeune, plus on est au fait de ce qui se passe. Un collaborateur, aujourd’hui, est capable de comprendre, qu’il peut avoir un objectif de chiffre d’affaires, si on le lui explique, mais on a un peu la crainte de lui donner cet objectif, parce que parler chiffres dans la coiffure c’est devenu un tabou.

Il lui faut donc avoir des notions de ce qu’on a appris au patron. Cela doit représenter au moins 30% de ses formations. On parle alors rentabilité et efficience. Exemple : je suis payé tant, je dois faire tel chiffre d’affaires et en combien d’heures. La connaissance de l’entreprise est aussi importante. Parce qu’un collaborateur qui comprend comment fonctionne la rentabilité de son patron est plus apte à pouvoir comprendre ses décisions.

Est-ce facile d’intéresser des collaborateurs à la gestion ?

En fait, le premier barrage, c’est le patron. Les raisons ? L’emploi du temps, le rattrapage des journées de formation par des congés, un aspect financier… Il n’a souvent pas compris l’intérêt du retour sur investissement d’une formation. Pourtant, mieux formé, un collaborateur participe davantage à l’élaboration de la marge d’un salon de coiffure.

On ne révolutionne rien. Les formations ont toujours existé mais cela n’a jamais marché. Pourquoi ? Parce que ces formations-là ont toujours été guidées par des fournisseurs vers la vente de leurs produits. Et ça n’a mené à rien, puisqu’on est toujours à 3,5% de revente. De plus, on n’a jamais impliqué le collaborateur.

Le temps est précieux dans un salon. À quel rythme faudrait-il intégrer les formations, selon vous, dans le planning d’un responsable de salon ?

Sur la gestion, une formation de deux jours par trimestre, voire deux par an, suffit, pour se remettre à niveau. Je viens en formation, j’apprends, je mets en application. Une fois que j’ai mis en application, je reviens en formation pour passer à un autre sujet. Exemple : la mise en route de mes tarifs. Une fois que je l’ai fait, je reviens pour apprendre comment les vendre. C’est un petit chemin logique qui permet au coiffeur de ne pas décrocher. Sur deux-trois ans, on a ainsi une montée en compétences régulière et fiable.

La crise a changé la façon d’organiser les formations pour les coiffeurs ?

Disons qu’on débroussaille fortement la visio-formation ! On peut dire que c’est une révolution pour les coiffeurs. Certains y ont pris déjà goût. Les addicts de la formation présentielle sont devenus addicts de la formation distancielle. En revanche, ceux qui n’étaient pas addicts de la formation présentielle n’ont encore rien compris à la formation distancielle ! Mais on sait que le marché, pour les formations hybrides, il est là.

Propos recueillis Georges Margossian.

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