Les contrats d’assurance pour les instituts qui couvrent les nouvelles technologies sont souvent ignorés par les esthéticiennes. Profession bien-être a rencontré Didier Sendres, du cabinet d’assurance Esthetic-Assur, qui met en garde contre les risques non couverts.
Profession bien-être : Vous n’avez pas attendu la pandémie pour vous préoccuper de l’assurance professionnelle des esthéticiennes. Comment en êtes-vous venu à vous spécialiser dans ce domaine ?
Didier Sendres : Je n’ai pas grand mérite, puisque j’ai une double casquette : je suis depuis une dizaine d’années à la fois propriétaire et gérant de deux instituts de beauté et courtier d’assurances. C’est en voulant assurer mes propres établissements que je me suis aperçu que la plupart des compagnies d’assurance proposaient des solutions inadaptées au marché. Non seulement elles ne couvraient pas des prestations, pourtant pratiquées un peu partout, mais en plus les contrats étaient conclus à des tarifs prohibitifs.
J’ai donc pris mon bâton de pèlerin pour trouver une compagnie qui accepterait mon concours pour créer une police d’assurance de nature à couvrir l’ensemble des risques pour les instituts de beauté. Outre les garanties basiques, il fallait en effet intégrer à cette police de dommages les garanties de responsabilité civile professionnelle pour notamment le maquillage permanent, la dépilation par lumière pulsée et les techniques d’amincissement par cryolipolyse.
Ces activités n’étaient pas couvertes par les assurances ?
Non. Beaucoup d’esthéticiennes, qui ne sont pas parvenues à trouver d’assureur pour couvrir ces risques, travaillent toujours à l’heure actuelle sans filet ! Or, s’il y a un message important à faire passer, c’est bien celui-ci : pratiquer de nouvelles technologies sans une couverture d’assurance, c’est prendre des risques inutiles.
Vous êtes parvenu à convaincre les compagnies facilement ?
En fait, il m’a fallu presque deux ans de persévérance et d’argumentation pour trouver une compagnie française qui a bien voulu jouer le jeu de cette aventure. Il existe donc aujourd’hui des formules qui couvrent toutes les nouvelles technologies. La seule prestation que ne couvrent pas nos contrats, c’est le blanchiment dentaire, car nous avons eu de nombreux contacts avec les dentistes, et estimons que cette prestation particulière ne correspond pas forcément à la vocation d’un institut de beauté.
Vous parlez de nouvelles technologies, mais quelle est votre position par rapport à la judiciarisation de la lumière pulsée par exemple ?
Je sais que certains procès menés contre des esthéticiennes pratiquant l’IPL ont pu en décourager beaucoup. Mais, d’une part, nous arrivons au terme d’une longue bataille juridique concernant ces matériels et, d’autre part, nous n’avons jamais eu de difficultés avec le monde médical. Bien assurer les instituts, c’est aussi veiller à ce que les équipements soient conformes et les esthéticiennes bien formées. Nous avons d’ailleurs trouvé une grande écoute auprès des distributeurs de matériel esthétique.
Comment votre initiative a-t-elle été accueillie par le marché ?
Il a bien entendu fallu un gros travail de prospection et de communication. Mais cette offre correspondait à un vrai besoin du marché. Aujourd’hui, je dirige le premier cabinet d’assurance dédié aux instituts de beauté. J’ai des clientes réparties sur tout le territoire français. Et le fait de connaître, grâce à mes instituts, leurs vraies problématiques quotidiennes est un atout. Nous pouvons jouer efficacement notre rôle de conseil, en fonction à la fois des matériels utilisés et des pratiques commerciales de l’institut, le tout à un tarif abordable.
Propos recueillis par Siska von Saxenburg.